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Felicidad - Jean Molla

"Pour tous les Citoyens de Grande Europe, le bonheur est un droit et un devoir. Il est garant d'une société harmonieuse et policée. A la demande du ministre de la Sûreté intérieure, le lieutenant Alexis Dekcked enquête sur une affaire de la plus haute importance. Des parumains, conçus pour servir les humains se sont révoltés et se sont enfuis dans les enclaves de Felicidad. Leur disparition est-elle liée au meurtre de leur créateur, Choelcher, le généticien génial ? Pourquoi le ministre du Bonheur obligatoire est-il sauvagement assassiné ? Dekcked peut-il avoir confiance en Majhina, la belle parumaine dont il est amoureux ? Son enquête va le conduire à des vérités qu'il n'aurait jamais dû mettre au jour.

Hommage à Blade Runner le nouveau roman de Jean Molla allie suspense et action. Entre polar et science-fiction, une histoire menée à un rythme haletant. Lecteur, ne vous laissez pas manipuler !
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J'avoue avoir d'abord lorgné la quatrième de couverture d'un air méfiant. L'hommage à Blade Runner me semblait un brin appuyé. Et puis d'abord, Blade Runner n'a pas besoin d'hommage, non mais! Ce chef d'oeuvre de Philip K. Dick se suffit à lui -même! Et puis de toute mani_re, le polar ça n'est pas mon truc. Enfin ça, c'est ce que je pensais avant d'ouvrir un peu à mon corps défendant le roman de Jean Molla. Que dire... J'ai été embarquée! Parce que c'est effectivement un hommage réussi au merveilleux Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? rebaptisé Blade Runner. Et que c'est par-dessus le marché un excellent roman.

Felicidad, la cité parfaite, celle où les citoyens sont heureux, parce que le bonheur est obligatoire et que l'on obtient tout ce que l'on veut... Enfin presque. Parce que comme toute cité idéale, Felicidad se contente de masquer ses failles, de reléguer aux marges ceux que le bonheur a abandonné en route. Cadre du roman, la ville est presque un personnage à elle toute seule. On l'explore sur les traces de Dekcked, naviguant dans ses ruelles, ses bars, ses terrains vagues, dans les zones réservées et au dehors. Dans ce décor glaçant se dessine petit à petit une société non moins glaçante. Le bonheur obligatoire... Éradiquer les conflits et les actes de violence ou de rébellion par une surveillance totale, répondre aux moindres besoins des privilégiés, remplacer les hommes et les femmes par des organismes génétiquements modifiés dans les tâches difficiles en en mésestimant les conséquences? Une société peut-elle atteindre au bonheur en suivant ce chemin? Sans doute non. En tout cas c'est ce que Jean Molla dit à son lecteur en racontant l'enquête de Dekcked sur ces Parumains en révolte. C'est un beau personnage, presque aussi beau que le Deckard de Dick avec son côté un brin bad boy et son amour interdit pour Majhina. Même s'il est au service du pouvoir, il est aux marges et navigue entre deux mondes qu'il connaît aussi bien l'un que l'autre, ne trouvant pas vraiment sa place. Son parcours permet une réflexion assez approfondie sur le concept d'humanité et les conséquences sociales, économiques, politiques et humaines des manipulations génétiques en même temps que sur la quête d'une société idéale, la propagande, et la responsabilité de chaque individu. A la fois manipulé et manipulateur, traqué et traqueur, il est contraint d'abandonner une vie somme toute confortable pour une lutte à laquelle il n'a pas cherché à participer. J'ai apprécié de ne pas avoir affaire à un héros sans peur et sans reproche! D'ailleurs, on ne peut pas dire que les personnages soient follement sympathique entre ministres véreux, parrains de la mafia et chercheur en génétique pour qui la fin justifie les moyens. Ils vont parfaitement avec Felicidad!

Avec tout ça, l'intrigue est rondement menée, l'hommage ne frôle à aucun moment la réécriture, le suspense est au rendez-vous et Molla excelle dans les intrigues politico-économiques qui forment le noeud de son récit. Tous les ingrédients sont réunis pour faire passer aux adultes comme aux adolescents un très, très bon moment de lecture. Qui devrait pousser à découvrir l'oeuvre de Dick! Heureux mortels qui allez tourner en bourrique grâce au maître!

Isil a aimé, SBM aussi, on en parle sur Noosfère.

Molla, Jean, Felcidad, Scripto, Gallimard, 2005, 5/5 


    

 

Commentaires

  • Je n'en garde pas un si bon souvenir que toi et mon copain qui l'avait lu aussi avait décrété qu'il valait mieux lire K.Dick directement! En tout cas je n'en garde aucun souvenir alors que j'avais lu en même temps "interface" dans la même collection (mais pas du même auteur) dont je garde un bon souvenir.
    Et sinon, le swap SF ça ne te tente pas? (j'espère que je ne t'ai pas déjà posé la question, ma mémoire est très limite en ce moment!!:-*)

  • Excellent souvenir de lecture, l'hommage est réussi. Bien sûr, comme dit Loula, il vaut mieux lire Dick, mais le public cible n'est pas le même. Et cette lecture peut justement donner envie de découvrir l'inspirateur.

  • J'en garde aussi un bon souvenir alors que je partais avec le même à-priori. Et grâce à ce livre, j'ai pu expliquer à des pré-ado que la Sf, ce n'est pas que des vaisseaux spatiaux:-)

  • Teins en cherchant autre chose, j'ai trouvé ça : http://www.ville-sevres.fr/ewb_pages/b/bibliotheque_actualite_5471.php
    ça peut t'intéresser sauf si tu l'avais déjà vu...;-)

  • J'ai vu Blade Runner il y a des années, et j'avais beaucoup aimé. Ce livre me semble fort intéressant..!!

  • Je note, je note, j'ai tellement aimé Sobibor!

  • Je l'avais repéré chez Isil... et oublié depuis ! Voilà un rappel qui tombe à pic au moment où je complète mes achats de cadeaux-livres !

  • @ Loula: c'est vrai que lire K Dick est un grand moment, mais pour des ados et des adultes qui ne seraient pas familiers de cet univers quand même particulier, c'est une bonne porte d'entrée! Et Molla m'a donné envie de relire Dick! Pari gagné pour lui donc!
    Pour le swap SF... Voeu de non swap!! Sinon j'aurais craqué!
    @ SBM: exactement! C'est une excellente porte d'entrée! Et un excellent roman ados!
    @ Loula:je n'ai pas pu y aller cette année à mon grand désespoir!
    @ Ori: j'avais moins accroché à Sobibor, il m'avait laissé un sentiment de malaise tout à fait normal mais du coup un souvenir mitigé! Ceci dit, c'est un grand roman!
    @ Brize: voilà qui va faire des heureux!

  • C'est une biblio sur la gourmandise...

  • @ Loula:... oups! Je confondu deux pages! Celle du festival de l'imaginaire et celle de la biblio! Boulet un jour... Boulet toujours! Je ne l'avais pas vue, je vais la regarder de plus près!

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