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vertige de la littérature

  • La nuit de l'oracle - Paul Auster

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    Sydney Orr, jeune écrivain new-yorkais, se remet doucement d’une grave maladie avec l’aide de sa femme Grace. Au cours d’une de ses promenades, il entre dans une petite papeterie où il achète un carnet portugais bleu qui va lui redonner l’inspiration et le goût de l’écriture. Mais si ce carnet est un miracle, il est aussi un piège dans lequel se brouillent tous ses repères, à commencer par ceux qui lui séparent la fiction de la réalité.

    Il y a des manques dans une vie de lectrice qu’on se sent un brin obligé de combler. Non pas par obligation, mais que voulez-vous, quand tout autour de vous tout le monde pousse des cris d’émerveillement, force est de supposer qu’on manque quelque chose et que ce n’est définitivement pas possible de continuer ainsi. En espérant être soi-même séduit. Le pari est gagné avec La nuit de l’oracle. C’est un roman vertigineux, époustouflant, une réflexion presque schizophrénique sur la fiction et le pouvoir de la création littéraire. Paul Auster explore à travers Sydney le processus d’écriture et le travail de l’écrivain, mais aussi le pouvoir des mots qui modèle la réalité, voire la crée. Petit à petit, de pages de carnet noircies en petits événements de la vie quotidienne, on voit la fiction et la réalité s’interpénétrer, se nourrir mutuellement jusqu’à l’hallucination et la folie. On vogue au gré des fils qui s’entrecroisent et se nourrissent les uns les autres, au gré des notes de bas de page qui sont presque un roman dans le roman, au gré de l’histoire qui est dans l’histoire qui est dans l’histoire. L’enchâssement des différentes dimensions du récit est parfait : la grande force de ce récit est qu’il ne perd jamais le lecteur malgré sa complexité, sa densité, et que les personnages fascinent par leur profondeur, la vérité qui se dégage de leur être, de leurs actes. Et plus fort que tout, on rentre dans la psyché de l’écrivain, on mesure l’impact de l’environnement de l’écrivain sur son travail et l’influence que l’œuvre a sur lui en retour, le rôle de l’inconscient qui dirige aussi la plume.

    D'autres avis chez Amanda, Stephanie et BOB!

    Auster, Paul, La nuit de l'oracle, Actes Sud, Babel, 2005, 236 p., 4/5