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Rougissements

  • L'amour est dans le foin - Angela Morelli

    amour-dans-foin.jpgHistoire de rendre service, Louise part passer ses vacances au fin fond de la campagne picarde pour suivre les travaux de la maison de Gisèle, une bonne copine de son amie Émilie. Armée de ses résolutions et du dernier Goncourt, sans compter sur une motivation quelque peu vacillante et d'un plan fantaisiste, elle compte bien tenir le vœu d'abstinence imprudemment fait devant sa bande de copines. Las, la tranquillité ne sera pas au rendez-vous, entre les yeux ravageurs de  Joffrey et les tablettes de chocolat d'Arnaud.

    Sans aucune surprise, c'est excellent: drôle, pétillant, bourré de références qui forment un jeu de piste fort sympathique, et, ce qui ne gâche rien, bien écrit. Loin de moi l'idée de jeter des tombereaux de fleurs à l'auteur, mais c'est un réel plaisir de lecture qui se laisse dévorer sans résistance. Et en même temps, même si c'est une vraie, vraie, vraie romance, c'est aussi comme dans L'homme idéal (en mieux), un joli portrait de femme moderne, bourrée de failles, de complexes, d'humour, et de surprises. On termine avec l'envie d'aller faire un tour en baie de Somme pour découvrir les phoques, et de retaper une grange, sait-on jamais! Avec celle, aussi, de continuer à découvrir ce univers attachant qui prouve bien que paillettes et rose bonbon ne riment pas forcément avec niaiserie!

    Pour l'instant, c'est en version numérique, mais croisons les doigts, il se pourrait qu'un jour une version papier voit le jour. Et pour patienter, une nouvelle à venir pour le Salon du Livre de Paris!

     

     

  • L'homme idéal (en mieux)

    homme idéal.jpgIl se pourrait fort que de nouveaux courants d'airs errent dans ma cervelle de moineau, j'étais persuadée d'avoir déjà offert au vaste monde une chronique dithyrambique et enflammée du premier opus de la merveilleuse, scintillante et chatoyante Angéla Morelli lors d'un de mes innombrables retours en ce lieu. Mon désarroi fut donc abyssale lorsque je me rendis compte de mon fourvoiement. Las! Un tel oubli! Comment pus-je!

     D'autant que mon petit cœur tout mou a littéralement fondu à la lecture de ce premier roman plein de fous rires, de tendresse, d'amitié et d'amour et que j'en suis pour le moins à la quatrième lecture des aventures d’Émilie et Samuel. Avec les mêmes gloussements ravis, les mêmes soupirs, et les mêmes yeux brillants aux mêmes passages. Et pour autant, foin de nunucherie et autres culculeries: c'est une histoire d'amour, certes, mais c'est aussi la vraie vie des femmes qui s'invite au détour des pages. Pas toujours bien coiffée, oubliant à qui mieux mieux ses affaires, quand ce n'est pas les courses, se débattant dans des relations familiales pas toujours simples, pétillante, inventive, drôle, Émilie donne l'impression qu'on pourrait la croiser demain au coin de la rue, tout comme son entourage avec qui on adorerait se faire des comètes sur les ongles. C'est frais, c'est humain, ça sonne juste. Et si les clichés s'invitent, comme il se doit, c'est toujours avec la petite touche de fantaisie qui change tout et surtout une plume qu'on a envie de retrouver très vite.

    Bref, L'homme idéal (en mieux), c'est comme une tablette de chocolat sans les calories, une bouteille de champagne sous forme de pages bien solides, une couette un soir d'hiver, ça fait du bien. Et, je l'avoue, ayant eu l'heur et le bonheur de connaître pareille bande de copines, les souvenirs qui remontent à cette lecture, y mettent un petit goût de nostalgie qui se savoure comme une petite goutte de bon whisky au coin du feu. Un coup de cœur qui a déjà intégré l'étagère des indispensables.

     "Par le marteau de Thor, se dit-elle en soupirant. Il va me prendre pour le Petit Poucet."

     

    Et c'est un coup de projecteur de Stephie!

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  • Les combattants du feu - Flamme mortelle

    Que voulez-vous, comme l'ordre et la discipline règnent en maîtres sur la blogosphère et qu'il convient de suivre toute bonne tradition moldave, j'ai décidé à l'unanimité de moi-même et du hasard qui m'a fait mettre la main sur cette petite merveille de commencer la furieusement torride série Les combattants du feu par le tome 4. En cas de doute, toujours commencer par le tome 4. Sauf peut-être Le trône de fer. Ou les trilogies. Mais je m'éparpille telle la braise volant dans le féroce mistral.

    les-combattants-du-feu.jpgBref. Les combattants du feu... Que celle qui n'a pas de souvenirs de bals de 14 juillet apocalyptiques me jette la première paire de bottes ignifugées. Parfois, il n'y a pas de quoi sortir les lances. A incendie. Il ne faut de toute manière jamais oublier que les lois de l'univers sont contre nous et cruelles.

    Avouez qu'après cette introduction toute de bon goût, vous frémissez d'impatience de lire ce que j'ai bien penser de ce chef d'oeuvre au titre évocateur et à l'histoire... Ah oui tiens! L'histoire! Pour un peu j'aurais oublié donner un petit pitch de l'affaire.

    Tommy est jeune, beau et pompier, grand fort, viril et très très courageux. Shea est infirmière (N.B.: l'héroïne de Passion Intense a forcément un nom exotique. Tellement exotique qu'il evoque à la lectrice fatiguée des réminiscences de publicités télévisées d'une rare sensualité féline), porte des blouses avec des petits chats, est intensément sexy sans le savoir. Ils vont s'aimer avec des shabadabada malgré leurs lourds secrets et le méchant pas beau qui flanque le feu partout en ville.

    Comme vous vous en doutez, l'intrigue est de haute volée. On apprend qui est le fameux méchant pas beau et son complice au très très lourd secret aux environs de la page 15. Par contre, il faut attendre la page 143 très précisément pour que nos deux héros très beaux et sans reproches admettent qu'il est plus que temps de s'envoyer en l'air. Pour un peu on aurait attendu. Ne me faites toutefois pas de procès d'intention, j'attendais les sublimes et enflammées métaphores et autres expressions fleuries dont les traducteurs sont friands. Je crois que ma préférée est celle qui m'a appris que certaine partie de l'anatomie des pompiers très beaux, très virils, sans peur et sans reproches peut pointer "glorieusement". Mais l'essence du désir étant ce qu'elle est, il faut admettre que dans certaines situations la flamme ardente du plaisir s'accorde particulièrement bien aux rugissements virils et prodigieux produits par ladite glorieuse excroissance. Comme aux éclats de rire de la lectrice qui n'en demandait pas temps pour égayer un peu plus sa soirée.

    les-combattants-du-feu-tome-1-l-epreuve-des-flammes-davis-jo-davis-9782290027783.gifSinon, il y a des flammes, des drames, des larmes, des mariages heureux et sans reproches, comme la virilité des vaillants combattants du feu, des larmes (oui, encore), de la baston (un peu). Si j'avoue dès maintenant que j'ai sauté une page sur deux dans le dernier tiers, j'espère que je ne serai pas punie trop durement. Pour compenser, je promets que je lirai le tome 3. Et peut-être le tome 1 parce que j'aime beaucoup, beaucoup la couverture toute en finesse et en subtilité (je suis une fille sérieuse, j'ai fait des recherches).

    Davis, Jo, Les combattants du feu, t.4, Flamme mortelle, 373p. de passion intensément enflammée, J'ai Lu, 2011.

     

    Billet dédié à M. qui saura pourquoi en le relisant à l'occasion.

  • Le mardi c'est permis: Delly

    J'ai bien failli me lancer dans une étude comparée de l'importance de la capillarité sommitale chez les Francs, Nicholas et les harlequinesques écossais, quelques exemplaires du genre m'attendant sagement au coin d'une étagère, seulement voilà, faisant un peu de ménage de printemps, j'ai retrouvé le brouillon d'un billet qui ne date pas d'hier, mais dont le contenu relève indéniablement de l'inavouable. De l'autrement inavouable. Genre la madeleine de Marcel, mais un tantinet plus...Comment dire ça...

    Ne vous en faites pas, c'est comme d'habitude, je vais finir par cracher ma valda et sombrer corps et bien dans ma deuxième, nan troisième, nan... bref, dans une autre de mes innombrables passions, l'histoire. Nous allons remonter le temps jusqu'en 1978 pour commencer. Pourquoi? Parce que Harlequin arrive en France en 1978. Essor de la littérature sentimentale, des couvertures avec éphèbes aux muscles saillants, clairs de lune et tutti quanti. Un succès commercial plutôt faramineux, des collections à la pelle, des déclinaisons à n'en plus finir plus loin, nous voilà rendu à nos jours.

    Mais, vu ma passion inavouable pour les épées rouillées et autres aventures s'étant déroulées far far away et en un temps far far lointain (il y avait donc forcément un mais, le Doctor vous dira qu'apprécier le far far away et le far far lointain implique forcément un mais, ce qui n'a rien à voir avec  moutons certes, mais après tout aux moutons nul n'est tenu) je ne pouvais en rester là... Oui mais avant? Quid de la littérature sentimentale? Certes pas Je passe sur les romances et autres poèmes d'amour et autres histoires déchirantes des temps jadis pour me contenter du 19e siècle. Certains diraient que c'est diablement trop récent, mais que voulez-vous, il s'est tout de même passé quelques petites choses à cette période abominablement quasi-contemporaine. Par exemple l'alphabétisation. Et oui, c'est grâce au développement de l'alphabétisation que la littérature sentimentale s'est fait une place de choix dans le paysage littéraire! Je vois d'ici les esprits chagrins me rétorquer que ce n'est pas dans le paysage littéraire qu'elle s'est fait une place mais dans le paysage commercial. Certes. Il n'en reste pas moins très chers, que le roman sentimental est une "oeuvre de l'esprit", avec un auteur, un éditeur et toutes ces petites choses qui font un livre.

    Littérature sentimentale, paysage littéraire donc.

    Nous voilà ainsi en visite à la Belle-Époque un peu avant et un peu après, et sans même l'aide de la Blue Box, côtoyant des auteurs aux noms plus ou moins évocateurs qui vont faire des émules: Max du Veuzit (autrement appelée Alphonsine Vasseur), Magali, Barbara Cartland, Zénaïde Fleuriot, Marie Maréchal, Mathilde Bourdon,... et l'objet du billet du jour, Delly.

    Delly donc. Qui est-elle. Ou plutôt, qui sont-ils?

     Delly est un pseudonyme, celui de Jeanne Henriette Marie Petitjean de La Rosière et de son frère Frédéric Henri Joseph, issus de la bonne société de la fin du 19e siècle. Ensemble, ils ont écrit une centaine de romans et de nouvelles après que la jeune fille ait envoyé quelques manuscrits à des éditeurs. Même après la mort de leurs auteurs, les romans de Delly ont continué à se vendre par milliers d'exemplaire. Pour tout dire, ils ont été réédités jusque dans les années 1990, années au cours desquelles je les ai découverts dans la bibliothèque de ma grand-mère. Lectrice déjà plus que vorace, je me suis jetée sur ces vieilles éditions Taillandier décrépites et quasi en loque et suis partie à la découverte de cet univers jusqu'alors inconnu et palpitant, bien que manquant singulièrement de chevelures ébouriffées.

    C'est qu'attention, on ne rigole pas chez Delly! Les jeune filles sont pieuses et vertueuses, les hommes virils, forts et bons, les prêtres chaleureux, les vieilles personnes porteuses de sagesse et  les intriguant(e)s sont horriblement punis de leur manque de morale à la fin. Bref, on y trouve pêle-même de l'aristocratie mais pas de cheikhs dangereux, des hommes virils mais sans kilts, des femmes dévouées mais pas d'infirmières, avec quelques guest stars. Ceci dit, la trame ressemble terriblement au roman sentimental contemporain dans ses déclinaisons classiques. Tout rapprochement avec des collections contenant les mots passion, intense, spicy provoquerait des collisions que même le Doctor ne serait pas en mesure de réparer.

    La preuve. Pas des collisions, de la ressemblance.

    Nous avons:

    imgro30070090_thumb.jpgLa vengeance de Ralph: il va être lord, elle est belle, de bonne naissance mais pauvre et persécutée par une vilaine marâtre, il l'épouse pour se venger, il hérite, elle devient lady à sa grande surprise, mais il ne l'aime pas. Après moult péripéties et turpitudes, ils s'aimeront cependant pour toujours dans le bonheur, la plénitude et entourés de petits angelots voletant. Bien évidemment, la main de Dieu s'est abattue sur les méchants. Pardonnés par leurs victimes victorieuses.

     

    R150058971.jpgLa chatte blanche: il est duc, d'une irréprochable moralité malgré une famille vautrée dans la luxure, elle est belle, pauvre, de bonne naissance et persécutée par une horrible tante par alliance. La tante veut épouser le duc, le duc veut épouser sa belle, rien ne va plus. Péripéties, turpitudes, vexations et persécutions, rien ne va plus. Mais l'amour et la morale vainquent toujours: la main de Dieu s'abat sur l'horrible tante et ils vivront heureux pour toujours dans leur château et dans la vertu.

     

     

    Cesbres.jpgGilles de Cesbres: elle est pauvre et méritante, il est riche et s'égare sur les chemins des mondanités. Tout finira bien dans la célébration de justes noces et dans une honnêteté scintillante.

     

     

     

    MIebj.kGM8ZeCIipmALR5zgw5iH6ZQax7cuiED_fyRc-.jpgLe sphinx d'émeraude et sa suite: il est duc et puissant, elle est pauvre et persécuté,... Oui, encore. Mais en costume. Avec un mariage à la fin, et des aventures au milieu à base d'enlèvement, de mensonge, d'empoisonnement. C'est qu'on ne rigole pas avec Catherine de Médicis. Sauf quand on s'appelle Wennaël. Non mais! Vous noterez qu'en terme de couvertures on se rapproche là d'un terrain connu moins le torse nu.

     

     

    Bref, tout ceci déborde de vertus et de conformisme d'un autre temps, de stéréotypes et d'archétypes, de bons sentiments (mais pas que, figurez-vous qu'il y aurait plus que cela en creusant, mais chut, j'explore encore) mais il faut bien que j'admette sous vos yeux effarés que j'adore. Et que je collectionne. Avec les Langelot du Lieutenant X, mais ceci est une autre histoire.

     Ah oui, j'ai des sources: pour en apprendre plus sur le roman sentimental, il faut aller jeter un oeil , ou encore ... Pour Delly, il y a quelques infos intéressantes...

    Et n'oubliez pas, le premier mardi, c'est permis!

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    Et j'avais oublié, honte à moi!

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