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  • The dead girl

    thedeadgirl_l200612221217.jpgThe dead girl, un film de Karen Moncrieff avec Toni Collette, Brittany Murphy

     

    La découverte du corps d’une jeune femme assassinée va bouleverser quatre vies. Celle de la femme soumise à sa mère qui découvre le corps, celle d’une jeune femme qui espère que le corps retrouvé est celui de sa sœur disparue, celle de l’épouse qui découvre que son mari est le tueur, celle de la mère qui part à la découverte de sa fille. Quatre destins pour celui d’une femme qui rêvait de changer de vie.

    The dead girl est un film coup de poing. Sur le même principe que Babel : faire d’entrecroiser les destins de personnes que rien ne lie a priori, Karen Moncrieff construit un récit qui parvient à rester fluide et cohérent. Ce faisant, elle éclaire cinq vies de femme d’aujourd’hui. Des femmes pétries de doutes, de contradictions mais incroyablement fortes et capables de résister au pire avec une dignité qui laisse pantois.

    Toutes sont malades du manque : malade du manque d’amour, du manque de vie, du manque d’attention, de la culpabilité d’avoir un jour oublié d’ouvrir les yeux pour voir le pire. Toutes tentent de survivre tant bien que mal avec plus ou moins de bonheur et plus ou moins de concessions à ce que la morale permet. Toutes sont servies par un jeu d’actrice proprement fabuleux qui fait passer une émotion et une tension qui ne se relâchent jamais.

    C’est d’autant plus fort que le regard qui est porté sur ces tranches de vie est exempt de tout jugement : de la prostituée à celle qui accepte le pire, la réalisatrice se contente de rendre des faits, des liens, des actes, concentrant de ce fait l’attention du spectateur sur le plus important : ses personnages.

    Sobre, poignant, fort, The dead girl est sans conteste un des films les plus réussis que j’ai vu ces derniers mois.

     

  • Ombre et lumière

    romecouv.jpgMeaume le graveur est né en 1617, a été apprenti à Paris, Toulouse, Bruges, a aimé à la folie, a été défiguré à l'eau-forte, s'est réfugié en Italie. Une vie bien remplie pour un artiste hors du commun.

    Ce court roman a été Grand prix de l'Académie française en 2000. Il retrace en courts chapitres, sans unité de temps, de lieu, le parcours d'un eau-fortier, un graveur. Par petites touches, en commentant les amours, les choix de son personnage comme ses œuvres, Pascal Quignard essaie de peindre son portrait tout en ombres, les ombres portées par l'amour perdu, la trahison de la femme tant aimée.

    Pour tout dire, j'ai trouvé et le style et le propos de ce roman lassants.

    Passant du coq à l'âne, commentant des œuvres dont on ne peut avoir que le commencement d'une idée, sombrant parfois dans des digressions philosophiques sur le sens de la vie et de l'amour, Pascal Quignard, loin d'atteindre au cœur de la personnalité et de la vie de Meaume perd son lecteur.

    La langue difficile d'accès, souvent confuse et lourde, accentue l'impression de pesanteur. On ne sait jamais si l'on est dans l'interprétation, ou dans la description.

    Pourtant, l'histoire de cet homme aurait pu être passionnante, la description du monde des graveurs et des techniques de gravure fascinante. Pourtant, ce personnage d'artiste habité par son art, tentant de dévoiler le monde aux yeux des vivants aurait pu être profond. Mais il n'y a rien. Pas de souffle romanesque, pas de vie. Juste un ennui profond. Même dans des scènes de sexe et de violence au contenu pourtant fort.

    Bref, une lecture difficile dont je ne suis venue à bout que parce qu'elle était inscrite sur la liste de mon challenge 2008. Et un premier contact avec Pascal Quignard qui ne me donne guère envie de me pencher sur le restant de son travail !

    L'avis de Katell grâce à qui vous trouverez d'autres avis!! Suivez les petits cailloux!

     


    Pascal Quignard, Terrasse à Rome, Folio, 2005, 128 p.

  • De l'hippopotame nain

     
     
    A l’âge de 12 ans, Tomoko va faire un séjour d’une année chez son oncle et sa tante. Là, l’adolescente va découvrir un monde bien différent de ce qu’elle connaît. Une belle maison dans la montagne, une grand-mère allemande, un oncle d’une grande beauté, une tante qui boit en cachette, Mina sa cousine asthmatique qui collectionne les boites d’allumettes, et Pochiko l’hippopotame nain.
     
    Avec La marche de Mina, Yoko Ogawa poursuit dans la veine de La formule préférée du professeur. C’est donc un roman plus tendre plus doux que ce à quoi elle a habitué son lectorat ! En fait, pour être franche, c’est une petite merveille. 
    Dans une langue toujours aussi sobre et maîtrisée, légère, Yoka Ogawa instille dans le quotidien de Tomoko une dose de fantastique et d’imaginaire qui est d’autant plus déstabilisante qu’elle est… ordinaire. Bizarre ? Oui, sans doute !  Ce fantastique, n’est pas la confrontation à des phénomènes étranges. Il est la découverte d’un mode de vie, d’une richesse matérielle et intellectuelle, d’une différence que la jeune adolescente ne soupçonnait pas : « La surprise lorsque j’y étais entrée pour la première fois amenée par mon oncle était toujours là. Je n’étais pas habituée au lustre qui pendait du plafond, à l’escalier dont la courbe se perdait dans les hauteurs ni au vitrail incrusté dans la porte du salon. Mon cœur était ébranlé chaque fois que je me tenais là. »
    Et cette différence est ce qui lui permet d’épanouir pleinement sa capacité à s’émerveiller et à s’étonner.
    Avec sa cousine Mina, Tomoko va découvrir que des boîtes d’allumettes peuvent contenir des mondes, et que les livres peuvent apporter un profond bonheur.
    « De l’autre côté des pages, se dissimulait un monde inconnu, et le livre retourné en constituait la porte d’entrée, si bien qu’elle ne pouvait pas le manipulé à tort et à travers. […] Plus que n’importe quelle s précieuses sculptures ou poteries, dans la maison d’Ashiya les livres étaient considérés comme importants. »
    Ce n’est pas tant Tomoko qui lit que sa cousine Mina qui y trouve un moyen de s’évader de son asthme, de découvrir le monde, d’apprendre.
    « Bientôt, Mina entrait dans la pièce. Lèvres serrées, sans ciller, elle parcourait du regard le dos des livres. […] Sans se soucier de son chemisier qui sortait de sa jupe, elle s’étirait au maximum, tirait sur le livre qu’elle cherchait à atteindre, le serrait dans ses bras si fins. Allongée sur le sofa, un coussin sur la poitrine, elle ouvrait son livre et partait pour un lointain voyage. »
    En la regardant et en allant à la bibliothèque chercher des livres pour elle, Tomoko apprend que les livres sont un univers qui amène au partage, à la discussion, à l’ouverture à l’autre.
    Elle apprend aussi cela en regardant vivre la grand-mère Rosa toujours allemande après une vie passée au Japon, elle l’apprend en se passionnant pour les jeux olympiques de Munich et le volly-ball, en fêtant Noël à l’européenne, en découvrant l’histoire du jardin zoologique qu’abritant le jardin de la maison et dont l’hippopotame nain sur le dos duquel Mina va à l’école est issu.
    Ce qu’elle apprend aussi, c’est que le monde des adultes n’est pas aussi simple qu’il ne paraît. Petit à petit, sous le vernis de bonheur, de compréhension, d’amour, apparaissent les failles. Un oncle qui disparaît des jours durant. Un cousin qui déteste son père. Une tante qui boit et fume, traque les coquilles typographiques faute d’une vie de couple qui la comble, les crises d’asthme de Mina comme autant de crises d’angoisse.
    C’est ainsi qu’elle va quitter doucement l’enfance. En s’ouvrant à l’altérité et en appréhendant ce que dissimulent les regards, les silences des « grandes personnes ».
    La richesse de ce roman, c’est de superposer un grand nombre de niveaux et de modes de lecture. Il y a la chronique d’une vie familiale pleine de bonheur, la chronique des difficultés d’une relation de couple et de famille, la chronique d’une vie en pays étranger, la chronique de l’adolescence. Avec une tendresse et une faculté d’émerveillement entiers : Tomoko devenue adulte garde pour cette période de sa vie un attachement plein de douceur, de mélancolie aussi.
     
    C’est un beau roman qu’offre là Yoko Ogawa.
     
    Et pour terminer avec une petite touche de gourmandise : « […] la cuisine de madame Yoneda était chaleureuse. Même les fines nouilles de blé flottant dans l’eau glacée qu’elle nous préparait au cours des vacances d’été nous faisaient ressentir la chaleur de son cœur.
    J’aimais encore plus quand je pouvais cuisiner avec elle. A Okayama, je préparais parfois le dîner à la place de ma mère, mais ce n’était qu’une aide un peu ennuyeuse. Car la même préparation culinaire, dès lors que madame Yoneda s’en occupait devenait une approche de la beauté et une expression de la sagesse. »
     
    L’amour, l’attachement, la tendresse dans une bol de nouilles… Et tout est dit.
     

     

    Yoko Ogawa, La marche de Mina, Actes Sud, 2008, 317 p.
  • Marseille, Marseille...

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    Parcourant du regard les catégories, je me suis soudainement rendu compte qu’il y avait une sacrément belle lurette que je n’avais pas papoter autour d’une autre des mes activités : hanter les salles obscures !
    Et je reviens avec une solide déception. Encore que, y étant allée peu convaincue, peut-on réellement parler de déception…
     
    Un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l'enquête malgré l'alcool et les fantômes de son passé.
     
    MR73, dernier film d’Olivier Marchal avec Daniel Auteuil est un cumulé de clichés comme j’en ai rarement vu au cinéma. Car si les blockbusters les cumulent, les clichés, c’est souvent en connaissance de cause, et pas avec un sérieux confondant comme dans le cas qui nous occupe. Commissariats crasseux, flics alcooliques, violents et corrompus, belles bagnoles, criminels aux têtes de criminels, rien n’est épargné. J’oubliais, Daniel Auteuil, tout alcoolique qu’il soit trouve plus perdu que lui : il se console en recueillant l’ensemble des animaux abandonnés de Marseille. En regard de la décrépitude des lieux et des hommes, le fait que tous circulent dans de magnifiques voitures de service, que le commandant de la criminelle habite dans une magnifique villa avec piscine surplombant la mer semble pour le moins invraisemblable. Et je ne cite là que ce dont je parviens à me souvenir !
    Le scénario, apparemment tiré de faits réels est bourré d’ellipses, de raccourcis, de lieux communs et de flash-backs. Rien qui permette de suivre correctement l’histoire si tant est qu’il y en ait une ! Au générique de fin, le rapport entre les différents récits qui s’entrecroisent est toujours un mystère digne de l’Atlantide.
    Le tout est d’autant plus sordide que les giclées de sangs sont exagérées, les corps filmés sous les angles les plus scabreux et le symbolisme hasardeux. Opposition naissance-mort, Christ en croix éclaboussé de sang quand le « héros » se fait justice, dialogues tellement profonds que le dernier des people parviendrait sans peine à faire mieux, rien n’est oublié !
    Quand à la photo, elle accentue l’impression de décor en papier mâché : crépuscules crépusculaires, nuits trop profondes pour être vraies, ciels orageux hallucinants S’y ajoutent des envolées instrumentales qui visent sans doute à faire comprendre au malheureux perdu là que le moment est particulièrement important !
    Reste heureusement quelques moments de franche rigolade, comme le moment où nos deux héros en manteaux de cuir à la Néo et armés de fusils à pompes sont matés par un méchant qui fait d’un seau un objet contondant des plus efficaces !
     
    Bref, 2h20 d’ennui entrecoupé de quelques éclats et la sensation pesante d’avoir été prise pour une imbécile !