Certains diraient que fréquenter une certaine FV peut provoquer des effets secondaires non négligeables. Ils oublient de préciser que de toute manière, si effets secondaires il y a, c’est qu’il n’y avait pas besoin de pousser beaucoup pour que certains penchants naturels s’expriment ou… s’aggravent ! Comme une tendance profonde au bovarysme, une propension au couinement, un amour fou et compulsif pour certains auteurs, bôgosses acteurs, scénaristes, chocolat, champagne. Par exemple hein, juste par exemple.
Bref, tout ça pour dire qu’assez étrangement, quand est tombée dans mon escarcelle un billet pour aller voir une version de Roméo et Juliette qui avait provoqué une disparition de paire de chaussure devenue célèbre, je n’ai pas fait ma mijaurée. J’ai juste prévu d’aller acheter la pièce en version No fear Shakespeare, attrapé la Pléiade qui traîne sur mes étagères et embarqué un paquet de mouchoirs.
Parce que : « ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. », et puis : « Un dernier regard, mes yeux ! Bras, une dernière étreinte ! et vous, lèvres, vous, portes de l'haleine, scellez par un baiser légitime un pacte indéfini avec le sépulcre accapareur ! ». Que celui qui n’a pas écrasé une larme à la scène du tombeau me jette Roméo à la tête. Surtout si c’est Alexis Michalik. Hem. Oubliez ce petit moment d’égarement. Ou pas.
R&J donc. Une pièce absolument hilarante, jubilatoire, excessive, tragique, enthousiasmante, je vous fait grâce du reste des qualificatifs qui traversent mon esprit encore en surchauffe. Il faut dire que c’est du sacrément bon boulot. Trois acteurs, 15 personnages, quelques coupes dans le texte, une ou deux chansons, des vannes à hurler de rire, des combats au canif, un DJ nain, une nourrice cocasse, un Tybald aux lunettes apocalyptiques, un parrain Montaigu à canne et accent sicilien, le tout dans un décor minimaliste constitué par trois portants à costume, quelques guirlandes de fleur, des façades en carton. Ca fonctionne et ça fonctionne très, très bien les 3 acteurs déployant une énergie phénoménale et passant d’un rôle à un autre avec un talent époustouflant. Mention spéciale d’ailleurs à Anna Mahalcea qui, passant d’un Mercutio survolté et gouailleur à une Juliette naïve et habitée par l’amour est superbe. Quand à ses deux compères… Non content de jouer superbement, ils provoquent certains effets… du genre asphyxie mentale, couinement intérieur, glapissement digne et discret,... Je ne nierai pas avoir eu un léger, oh, très léger moment de flottement… Surtout quand Roméo se radine torse nu. Mais en toute dignité.
Le plus beau dans tout ça c’est que l’esprit de la pièce est totalement respecté, même beaucoup plus à mon humble avis que dans toutes les versions tragiques de la chose. Il y a de la gouaille, de l’humour, du bonheur qui font le pendant du drame amoureux et qui le rendent sans aucun doute encore plus fort. On est dans la vie, la vraie, celle où la tragédie côtoie la comédie, celle où on passe du rire aux larmes en quelques secondes. Le tout avec un texte sublime dont l’esprit, sinon la lettre est respectée et des acteurs brillants. Que demander de plus hein ? Filez-y le plus vite possible, la pièce joue jusqu’au 20 juillet au Studio des Champs-Élysées (labyrinthe aux barmans ma foi forts sympathiques, je dis ça mais sans arrière-pensée aucune) ! Hop hop ! Qu’est-ce que vous faites encore ici ?
Merci Fashion et Stephie pour ces couinements dignement partagés! On y retourne?
Commentaires
Une super troupe qu'on est plusieurs "fans" à suivre depuis un petit bout de temps. je ne fais pas partie des plus anciennes accros comme je n'ai pas vu R&J avant le mois dernier mais Emma parle de Roméo depuis une éternité :) Contente de voir que tu as aussi succombé !
J'y retournerais presque, c'est pour dire !
l'une des rares choses qui me fasse regretter paris.
le théâtre et les sorties, s'entend. Je ne connais pas ce Roméo ;P
@ Lou: c'était trop de bonheur! Je vais les suivre à partir de maintenant!
@ Stephie: hem, moi aussi! ;-)
@ Choupynette: ahh, il fut bien qu'il y ait des avantages à habiter la capitale!