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Serpentine

 

Une boutique de tatouage, une aire d'autoroute qui se transforme en refuge, un restaurant dont la patronne se nomme Circé, une maison dont l'esprit familier pleure... Dix histoires où le quotidien s'ouvre sur des failles, portes ouvertes vers l'étrange.

 Réédité dans la collection L'ombre de Bragelonne, ce premier recueil de nouvelles de Mélanie Fazi est un petit bijou. Déjà, le fait que Léa Silhol ait travaillé sur ce recueil dans sa précédente édition m'avait fait hausser un sourcil. Le fait que Michel Pagel ne tarisse pas d'éloge dans la préface, m'avait mis la puce à l'oreille. Et puis, j'ai lu les premières lignes de la première nouvelle, et le charme a opèré. Mélanie Fazi raconte des histoires. Avec une plume toute de douceur, elle introduit dans la vie de ses personnages la petite faille qui va les faire basculer dans un monde plus onirique, plus magique et bien plus sombre que celui qu'ils connaissent.

A chaque fois pourtant, les lieux sont, sinon connus, au moins familiers. Qui ne s'est pas arrêté sur une aire d'autoroute? Qui n'est jamais passé devant la boutique d'un tatoueur? Et que dire de la ligne 5 du métro parisien avec le nom de ses stations égrené au fil des pages? Autant de lieux sur lesquels elle force son lecteur à avoir un regard nouveau. On peut dire que, d'une certaine manière, elle réenchante le monde. Et elle le rend bien plus effrayant.

Mélanie Fazi puise ses histoires à bien des sources: Mémoires des herbes aromatiques, par exemple, est, ni plus ni moins la suite des aventures d'Ulysse et Ciré. On sent venir la chute de la nouvelle, bien sûr, mais il est tellement jubilatoire de voir ces immortels se venger les uns des autres avec une absence de scrupule totale, que ce n'est pas bien grave. Petit théâtre de rame fait penser au conte Le joueur de flûte de Hamelin. Et il y a toutes ces figures contemporaines: la rock star, l'adolescente, le serial killer dont les névroses se dévoilent petit à petit et qui sont si humains dans leurs failles. Mais attention, il n'y a pas que de la noirceur dans ce recueil! Le faiseur de pluie qui voit deux enfants délivrer l'esprit familier de la maison de leur grand-mère décédée est une petite merveille de tendresse et de poésie. Et Elegie un cri d'amour poignant. De toute manière, il est difficile de dire ce qui est le plus noir, de cet univers fantastique dont l'auteur trace les contours, ou de la réalité, souvent bien plus atroce qu'on sait présente, comme dans Petit théâtre de rame.

Finalement, dans chaque nouvelle, c'est une petite part d'humanité qui se dévoile à travers la voix d'un narrateur toujours différent. Mélanie Fazi possède le talent incontestable de faire entendre chacune de ces voix avec une force peu commune, et de créer autour de ces voix, en quelques mots, une atmosphère difficile à oublier.

L'avis de Nebal, Yozone, Fashion, ActuSF,  

Une interviewsur Yozone, le blog de l'auteur

L'auteur a obtenu le Grand prix de l'imaginaire 2005 dans la catégorie nouvelles pour ce recueil.

Mélanie Fazi, Serpentine, Bragelonne, 2008, 317 p.

Commentaires

  • Tenté à la médiathèque mais le style ne me convient pas.

  • J'ai commencé ce recueil en me disant que j'allais le lire petit à petit... c'est vrai que l'univers créé est très intéressant.

  • Justement, je n'ai pas aimé la première nouvelle, que j'ai trouvé un peu simplette, un peu naïve". Et heureusement, j'ai persisté, car tout le reste est très bon. Pour moi aussi, ç'a été une intéressante première rencontre avec l'auteur.

  • ce recueil a tout l'air d'avoir les atouts pour me plaire! allez je vais essayer! on verra bien! je le note sur ma liste!

  • Tu en parles vraiment très bien, en tout cas! Je ne suis pas très "nouvelles" mais je tenterais bien celles-là!

  • Mélanie Fazi, c'est bien...commentaire constructif comme tu t'en es rendue compte. :)

  • Oooh tout ceci est très tentant, tout ce que j'espère, c'est de pouvoir trouver ce livre à la médiathèque ! ;-)

  • IL me tenterait assez. La couverture est sympa en plus en je trouve. A voir, donc...

  • Ah ben Florinette oui il y est à la bibliothèque centrale dans sa première edition.

  • Cathulu: c'est le genre de chose qui ne se discute pas!
    @ Rose: j'aime bien sa manière d'instiller l'étrange petit à petit, et d'utiliser le trivial pour engendrer l'inquiétude!
    @ Ekwerkwe: j'ai bien aimé la première. Je trouve qu'elle permet d'entrer en douceur dans le recueil! EN tout cas, je suis séduite!
    @ Karine:): elles pourraient bien te convertir!
    @ Chimère: certes, mais ça fait plaisir quand même!! :-))
    @ Florinette: et ben quelle chance, tu as le catalogue de la bibliothèque qui vient à toi sans avoir besoin de demander! :-))) Bravo Chimère! Vous avez de la chance toutes les deux, j'adore les livres de l'Oxymore. J'étais désespérée qu'ils aient mis la clé sous la porte!
    @ Alwenn: joli objet et contenu à l'avenant! Tu pourrais y trouver ton compte!

  • Oh mais L'oxymore ont effectivement mis la clef sous la porte...mais quelques uns de leurs livres sont en bibliothèque.

  • @ Chimère: et on en trouve encore en occasion parfois!

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