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Dans l'île mystérieuse

 

La vie est parfois compliquée. Les parents de Charlotte travaillent aux Etats-Unis, la laissant vivre avec son handicap entre son oncle Sébastien et un internat sinistre. Si seulement sa meilleure amie Jennifer ne la délaissait pas. Si seulement il n’y avait pas cette opération qui peu aussi bien la guérir que la clouer sur un fauteuil roulant à vie. Mais c’est quand rien ne va plus que soudainement un rayon de soleil apparaît. Pour Charlotte, c’est l’île mystérieuse, et cette fille étrange, Ludivine, qui veut être son amie.
 
Malgré le résumé quelque peu mièvre, il s’agit d’un très beau roman pour adolescents sur le thème du handicap. Charlotte est une adolescente rendue hargneuse, dure, insolente par son handicap, par le regard des autres. Elle cache ainsi son désespoir et son besoin profond des autres et de leur amour. Des autres qu’elle juge incapable de comprendre ce qu’elle vit.
Claire Julliard fait un tableau réaliste et dur du handicap, et surtout, de la manière dont une personne handicapée peut ressentir le regard des autres : une pitié insupportable, une dureté insoutenable, une indifférence soigneusement calculée qui blesse par-dessus tout. Si Charlotte se révolte, c’est contre ce regard là, contre les remarques atroces du genre : « si j’étais comme ça je préférerais mourir » ? Son sale caractère est une solide carapace de protection. Et pourtant, elle n’est pas dans un fauteuil Charlotte, elle marche. Mais c’est d’autant plus dur que ceux qui l’entourent se disent que ce n’est pas si grave.
C’est là qu’intervient l’île qu’elle découvre un jour d’escapade, cette île secrète qu’elle veut sienne. C’est là qu’elle se retranche, qu’elle s’isole, au risque de fermer complètement à une humanité qui n’est pourtant pas si mauvaise que ça. Parce que même si la bêtise et la méchanceté sont présentent, il y a aussi l’amitié, le soutien, la solidarité qui permettent de s’en sortir mieux. Au départ, elle refuse que Ludivine accède à son île. Puis, petit à petit, elle s’ouvre, réapprend à faire confiance, elle accepte Ludivine avec ses qualités et ses défauts. Elle redécouvre en fait ce qu’est une véritable amitié. Ce qu’on reçoit et ce qu’on donne. La métaphore est facile, mais elle fonctionne bien. Même si l’écriture est parfois un peu trop poétique pour être crédible dans la bouche d’une adolescente en révolte, c’est un roman touchant et instructif, un roman qui fait réfléchir sur le regard que nous avons quand nous croisons quelqu’un dont les muscles ou les os, ou les nerfs ne fonctionnent pas bien. Je l’ai refermé en ayant l’impression d’avoir mieux compris quelques petites choses de la vie.
 
« Poser un pied devant l’autre et marcher, aller droit, de côté ou bien faire demi-tour, ça n’a l’air de rien. Simple comme respirer ou dormir. Sauf si on a quelque chose qui cloche dans la tête ou dans le cœur, ou dans les muscles. Alors il faut bien se résoudre à se déplacer tout de travers. Ca devient une épreuve que les autres ne soupçonnent pas. Les autres, ils ont l’arrogance des bien-portants, la morgue des va-t-en-avant. Ils vous regardent traîner la jambe avec des yeux ronds. Ils se retiennent de dire ce qu’ils pensent. A croire que c’est eux les victimes, eux que le sort martyrise. »



Claire Julliard, Robinsone, Médium de l’Ecole des loisirs, 2001, 180p.

Commentaires

  • ça a l'air bien intéressant! Je répète, chiffonnette, tout ce que tu lis me donne envie! (sauf les léa silhol ;-)) (euh, c'est comme ça qu'on l'écrit ???)

  • Oui, c'est comme ça! Mais je ne t'en veux pas! Bizarre en tout cas, en ce moment je suis dans une phase intense de littérature jeunesse!  Il y en aura d'autres!

  • Ben moi j'ai commencé les Léa Silhol et je suis pour l'instant bien embarquée...

  • Ahhhhhh, j'espère que je t'aurai convertie à La Tisseuse (oui, Léa)!!! J'adore reflier mes marottes comme un affreux virus!

  • Dans cette collection, chez l'école des loisirs, j'ai remarqué qu'il y a de très beaux romans !! ;-)

  • C'est une de mes collections préférées! Ils ont des petits bijoux! Les Perez, les romans jeunesse d'Arnaud Cathrine, les Murail, et tant d'autres! J'ai toujours un oeil qui traine quand j'aperçois la couverture d'un Médium!

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