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La répudiée

 
Rachel aime Nathan, Nathan aime Rachel. Pourtant, après dix ans de mariage, aucun enfant n’a couronné leur union. Et au bout de dix ans, selon les règles de la communauté hassidim, la femme stérile peut être répudiée.
Je me souvenais fort bien du film d’Amos Gitaï, Kaddosh, qui m’avait laissée littéralement sur les rotules par la violence de ce qu’il dévoilait. Et c’est pourquoi j’ai longtemps hésité à me lancer dans la lecture de La répudiée. J’y ai pourtant retrouvé un univers à la fois très proche de celui du film et infiniment lointain. Kaddosh m’a laissé un souvenir de violence, physique et morale. La répudiée me laisse le goût d’une histoire d’amour dramatique. Ce n’est pas vraiment la communauté qui est mise en cause ici, bien qu’à travers l’histoire de Rachel, on puisse lire une dénonciation d’une pratique de la religion qui étouffe et brise. Rachel accepte cette religion et ses lois, elle la vit avec bonheur. Elle a été élevée avec. Elle accepte, du moins tant que cette loi n’interfère pas avec son bonheur conjugal. C’est là que commence le conflit entre cet amour si fort et la règle, entre la foi profonde et le désir. Eliette Abécassis narre ce conflit dans une langue lyrique, parfois un peu lourde mais qui a des résonances de Cantique des Cantiques par moment. C’est beau. Les mots de cette femme amoureuse, aimante, pour l’homme qu’on lui a donné et que par miracle, elle a aimé au premier jour sont débordants de sensualité. Comme ceux qu’elle prononce dans le doute et la douleur de la séparation exsudent une souffrance trop forte. Et c’est triste cette acceptation, ce renoncement alors même que Rachel sait que ce n’est pas elle qui est stérile. C’est terrible cette intériorisation des règles, cet engagement qui mène à la perte.
Un très beau roman sur les pages duquel se glissait les images d’un film qui est lui, à voir.
 
L’avis de Majanissa, de Patch, d'Anne.
 
Eliette Abécassis, La répudiée, Le livre de poche, 2000, 124 p.

Commentaires

  • Euh, je  passe, pas trop ma  tasse  de thé ce renoncement et cette acceptation...

  • Moi non plus mais ta critique me donne très envie! très beau billet!

  • Je l'avais déjà vu chez Anne... je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire ce genre de choses, je trouve ça inacceptable que ça existe encore aujourd'hui alors ça me donne des envies de révolte!

  • @  Cathulu: moi non plus en temps habituel, d'autant que ça me donne envie de taper. Mais là, c'est tellement bien mené que je me suis laissée faire. Et puis le souvenir du film a joué c'est vrai!
     
    @ Fashion Victim: merci!
     
    @ Emeraude: c'est certes inacceptable, mais l'avantage de ce genre de livre est de poser des clés de compréhension et de donner des envies de révolte! Avec l'avantage d'être beaucoup mieux écrit et moins "glauque" qu'un récit de vie! 

  • Un peu comme Emeraude... Je l'ai vu ici et là et je ne le place pas en priorité de lecture...

  • Ce qui peut se comprendre, il n'était pas sur la mienne jusqu'à ce que le hasard me fasse mettre la main dessus!

  • @J'ai vu le film Kaddosh, mais je n'ai pas envie de lire le livre même si tu ne parles très bien. J'ai de plus en plus de mal avec tout ce qui a trait à aux religions surtout si en plus ça touche les femmes !

  • Je trouve ta critique trés judicieuse. Tu sais déjà que je partage ton avis!
    Pour le film je l'ai noté: tu me donnes vraiment envie de le regarder.

  • @ Anjelica: je vois ce que tu veux dire. C'est vrai qu'à chaque fois, je me retrouve avec l'estomac soulevé.
     
    @ Anne: merci! Le film est vraiment bon!

  • Bravo  !!! pour ta critique Chiffonnette ! Belle  je pense que tu as bien compris le message du livre. En temps que lecteur nous sommes pas là pour juger mais ne constater :-)))

  • Merci Alice! Effectivement, c'est aussi ce que je pense, surtout sur des sujets aussi "graves" que celui traité par La répudiée!

  • Je trouve votre compte-rendu très juste...mais il s'applique tout aussi bien au film dont la force est justement que lui aussi repose sur cette histoire dramatique d'une femme partagée entre son amour et son respect pour les traditions. Sa vision de la foi est merveilleuse mais elle n'arrive à se rebeller contre des siècles de préjugés culturels qui, eux, n'ont rien à voir avec la foi et sont malheureusement universels et trans-religieux (comme le refus d'envisager la stérilité masculine...qui trouve un étrange écho dans les sociétés indiennes, par exemple).  J'insiste donc sur l'importance de voir absolument le film qui est tout simplement magnifique, servi par la sublime interpétation de Yael Abecassis. Marie-Laure

  • J'avais aimé ce livre, pas assez détaillé pour moi cependant. J'aurais aimé encore plus de tréssauts du coeur de Rachel. Les règles intériorisés et aussi le regard de l'homme... Je vais voir Kaddosh alors, en plus si Yael Abecassis joue dedans...hum

  • Kadosh met bien tout cela en image! Mais personnellement, j'ai apprécié le format court de cette histoire! Elle est bien assez durecomme ça!

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