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névroses

  • Starfish - Peter Watts

    9782265089488R2.JPGLenie Clarke et ses compagnons ne sont pas plongeurs, peu d'entre eux sont des scientifiques et pourtant, ils vont se retrouver pendant un an à plus de 700 mètre de profondeur. Leur travail, entretenir les installations qui permettent d'utiliser l'énergie phénomènale dégagée par le jeu de la tectonique des plaques. Leur compétence, être capable de s'adapter à cet endroit. Mais quand on réunit au fond de l'océan des psychotiques, garder le contrôle de la situation est un voeu pieu. Surtout quand une apocalypse se dessine à l'horizon.
      
     
    "L'abysse devrait vous clouer le bec.
    Le soleil n'a pas touché ces eaux depuis un million d'années.
    Les atmosphères s'y accumulent par centaines, les fosses pourraient avaler douze Everest sans le moindre rot. On dit que la vie elle-même a commencé au fond des océans. Possible. Sa naissance n'a pas dû être facile, à voir ce qu'il en reste..."


    D'un côté (mais d'un côté seulement hein, pas besoin de commencer à taper), pour vous donner une idée, j'ai pensé à Abyss, le film de Cameron. De l'autre, Starfish explose totalement Abyss. Abyss c'est beau, c'est la découverte d'une nouvelle forme de vie, c'est le combat d'une joyeuse et sympathique équipe de branquignoles contre de méchants militaires en proie au mal des profondeurs. J'ai adoré. Starfish, c'est une bande de psychotiques lâchés en milieu hostile et manipulés par un consortium aux intentions pas franchement avouables. J'ai adoré aussi.
    J'ai adoré parce que c'est une oeuvre ambitieuse qui démarre comme un roman psychologique et termine comme un roman de SF pur jus. Le  début est intriguant: on suit l'installation d'une équipe dans une station d'entretien sur le rift entre les plaques tectoniques nord-américaine et pacifique. Des personnalités difficiles, des individus psychologiquement atteints, névrosés, capables de s'adapter à des conditions de vie hallucinantes, à la confrontation à des formes de vie monstrueuses et à un corps modifié. C'est assez fascinant de suivre cette équipe, de la voir se déchirer, s'habituer, se modifier petit à petit jusqu'à devenir dépendante de cette vie qui pour les "sêcheux" a tout du cauchemar et devenir plus ou moins qu'humains. Peter Watts explore ainsi les limites de l'humanité en une réflexion qu'il prolonge en introduisant le thème de l'intelligence artificielle et en l'exploitant avec finesse.
    En même temps, Starfish est aussi un thriller politique, écologique et scientifique dont les enjeux se dessinent petit à petit, introduisant dans le récit une tension croissante qui devient presque insupportable sur la fin, tant on se demande où diable veut en venir l'auteur et vers quoi il va. Le dénouement en forme d'explosion est ma foi assez magnifique encore qu'un brin rapide à mon goût et son effet est accentué par le style froid, presque clinique de l'auteur.
    Bref, une oeuvre ambitieuse qui fait l'effet d'un coup de poing et qui laisse espérer une suite que j'attends avec impatience. En attendant, je vais me pencher sur le cas de Vision aveugle qui attend sur mes étagères depuis bien trop longtemps!
    Watts, Peter, Starfish, Fleuve Noir, 2010, pas assez de pages j'en veux encore, 4.5/5