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mon couronnement

  • Mon couronnement - Véronique Bizot

     

    Monsieur Kaplan étant oublié, mais monsieur Kaplan a été subitement couronné pour une découverte dont il ne se souvient guère. Il faut dire qu’il en a fait des choses dans son laboratoire autrefois. Mais comment faire face à cette notoriété subite quand la routine et la grisaille ont envahi une vieillesse tranquille ?

     

    Véronique Bizot avait publié jusqu’alors des recueils de nouvelles. Pour son premier roman, elle offre un drôle d’objet qui s’impose par la petite musique grinçante et touchante qu’il dégage.

    Aux premières pages, on se demande où on l’on a bien pu tomber. Et qui diable est ce bonhomme devant qui on défile et qui reste accrocher à son escabeau. Il y a comme un sentiment d’absurdité, et même si par la suite bien des choses vont se décanter et s’expliquer, ce sentiment, lui, va persister. Parce que Véronique Bizot raconte avant toute chose la vie et les petits et grands événements qui la marquent, qu’on les attende ou pas, qu’ils surprennent ou pas. Elle parvient d’ailleurs à merveille à faire passer le sentiment d'étrangeté et parfois d'insécurité auquel ce vieux savant est en proie, alors qu'il observe, comme le scientifique qu'il est un peu resté, son monde rassurant de routine et d'habitude basculer. Du coup, c’est sa vieille femme de ménage, Mme Ambrunaz qui le prend en main, le gavant de petits plats de lentilles qu’il déteste, c’est son fils qui fait sa réapparition, c’est la ronde des souvenirs qui commence et qui se déroule de brèves promenades en voyage au Touquet. Bref, c’est toute l’incongruité de la vie et des fonctionnements de notre société que Véronique Bizot révèle de sa plume pour le moins étonnante. L’ironie douce déborde, l’humour parfois, la désespérance et la mélancolie aussi. On se laisse porter à la rencontre de ce Gilbert Kaplan si attachant dans sa misanthropie et ses réflexions de vieux monsieur indigne qui ne souhaite qu’une chose, c’est qu’on cesse de bouleverser ainsi sa vie et de briser son cœur qui n’en demandait pas tant.

    Une belle découverte chaudement recommandée et un premier roman qui augure d’une œuvre à suivre de près.

    Cuné a aimé, Cathulu aussi.

     

    Bizot, Véronique, Mon couronnement, Actes Sud, 2010, 4/5