Ravel, compositeur de génie et génie complexe. Jean Echenoz revient sur les 10 dernières années de sa vie et sa lente déchéance.
Critiques dithyrambiques, citation dans le roman de Laurence Cossé Au bon roman comme un de ces bons romans essentiels, il n’en a pas fallu plus pour que je me décide à aller regarder de plus près ce court roman racontant un compositeur dont le Boléro a écorché les doigts de la violoniste que j’ai été dans une autre vie.
J’avoue, arrivée là une certaine perplexité. De la légèreté et de l’humour évoqués par Pierre Assouline je n’ai rien perçu. De l’ironie par moment, oui, mais pas d’humour. Un malaise même en suivant Ravel dans ses œuvres.
J’ai plutôt été frappée par le style fluide et sobre, par le détachement, presque l’indifférence de la plume allant de paire avec la personnalité de Ravel.
Un drôle de bonhomme celui-ci : un génie certes, mais un homme en décalage, perpétuellement indifférent à l’autre, égoïste forcené, ennuyé par la vie quotidienne et ceux qui y transitent, pas franchement drôle sauf quand il fait la fête et grand angoissé. On voit le monde à travers son regard et on lit le monde à travers son regard. En soit, c’est révélateur d’un tour de force. D’autant que cela permet de suivre presque « de l’intérieur » les sommets d’une gloire génératrice de doute, puis les premières atteintes de la maladie, le monde qui se désagrège petit à petit jusqu’à ne plus recéler qu’angoisse et douleur tout en n’en révélant pas plus que nécessaire de l’intimité de l’homme.
Mais difficile du coup de s’attacher à ce Ravel, et d’entrer pleinement dans la narration. Je suis restée en surface, sans m’ennuyer, mais un peu désarçonnée par cet étrange objet littéraire qui loi d’être un panégyrique et une biographie, nous parle tout simplement d’un homme qui va mourir.
Une expérience intéressante.
Les billets, de Pierre Assouline, Sébastien Fritsch, Caro[line], Mimienco,...
Jean Echenoz, Ravel, Ed. de Minuit, 2006, 3.5/5