D’abord un coup de cœur pour le titre, puis pour la quatrième de couverture : « Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle… ». Et enfin, le coup de cœur pour le contenu. 356 pages de bonheur, de fous rire, d’attendrissement et de gargouillements d’estomacs. Mon royaume pour les pâtisseries de Manuela !
La satire vise juste, et toujours avec finesse et drôlerie. Quelques scènes resteront d’anthologie, notamment celle qui réunit des toilettes, une moquette jaune et le requiem de Mozart. Intriguant, n’est-ce pas ? Et on y apprend ! La philosophie, l’art et le cinéma, la gastronomie, et bien d’autres choses. Les pages fourmillent de références culturelles, jusqu’à en être à certains moments touffues. Mais quel plaisir ! Muriel Barbéry transmet ses passions et donne l’envie de partir à la découverte de ce dont ses personnages parlent.
Quand aux personnages.... Renée la concierge féroce qui observe et commente depuis sa loge les faits et gestes de son petit univers en émaillant ses propos de considérations sur la phénoménologie et les mirabelles. Paloma la surdouée, décidée s’immoler le jour de son anniversaire et qui, en attendant, n’en finit pas de s’affliger de la famille et du monde qui l’entoure sans oublier son humour. Monsieur Ozu, le riche japonais qui va lier tout ce petit monde et amener un brin de sérénité. Jusqu’aux personnages secondaires qui sont savoureux.
J’ai éprouvé un plaisir infini à me plonger et me replonger dans ces pages, à en retrouver des petits bouts. C’est un livre qui fait du bien, qui illumine le quotidien, aussi parce qu’il redit sans morale aucune que derrière les apparences, peuvent se cacher bien des choses.
Que dire de plus ? Voilà un roman qui réapprend le bonheur de lire et de vivre.
Muriel Barbéry, L'élégance du hérisson, Paris: Gallimard, 2006. 359 p.