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barbara pym

  • Une demoiselle comme il faut

     

     
     
    9782267019292-f.jpg  Ianthe Broome est bibliothécaire, célibataire et a trente ans passé. Son avenir de vieille fille soutien de la paroisse semble tout tracer. Personne ne la voir autrement, surtout pas dans le quartier de Londres où elle vient d’acheter une petite maison… Personne ? Pas si sur ! Car soudainement les demandes en mariage se succèdent et la concurrence se fait rude avec la sœur de la femme du pasteur !
     
    J’ai entendu qualifier Barbara Pym de Jane Austen du 20e siècle. Si l’austenephile que je suis ne peux totalement signifier son accord, il faut dire que l’on retrouve dans l’œuvre de cet auteur britannique l’ambiance des romans de Jane Austen. Tasses de thé, pasteurs, réunions de paroisse, course au mariage. Mais les pasteurs sont de doux rêveurs, leurs femmes de douces dingues, les vieilles filles filent vers des cieux meilleurs avec d’affreux étrangers, les fonctionnaires cachent des mœurs étranges. J’en passe et des meilleurs. Un petit brin de folie en plu donc ! On retrouve aussi ces dilemmes entre amour et raison, cette critique voilée des conventions sociales, ce regard moqueur mais tendre sur un petit monde persuadé de son importance.
    S’il ne se passe pas grand-chose dans ce roman (le summum de l’aventure est un voyage paroissial à Rome, c’est dire), on est cependant happé par des personnages attachants, vivants dans leurs petites contradictions. Des personnages humains, des gens « bien », charitables, respectant les convenances mais qui cachent leurs bizarreries, leurs petites mesquineries et des opinions sur les choses et les gens qui sont bien loin des recommandations bibliques. Des gens qui vivent dans une Angleterre des années 60 agitée par des changements qu’ils ont du mal à comprendre. C’est peut-être ce que j’ai préféré dans ce roman : ces gens qui vivent encore comme au début du siècle, à côté de la modernisation. Cet entre-deux où cœxistaient encore la vieille Angleterre et la nouvelle.
    Et puis Ianthe comme sa rivale Pénélope sont attendrissantes dans leurs atermoiements sentimentaux. Par certains aspects, on dirait des adolescentes d’aujourd’hui, plus prude sans aucun doute, mais traversées par les même élans. Par d’autres, elles sont bien plus proches des femmes du 21e siècle que ce que l’on pourrait penser… Même dilemmes, mêmes souffrances, mêmes peurs. Les choses n’ont pas tant changé…
     
    Et puis, la bibliothécaire en moi, s’est réjouie du portrait sans concession de la profession ! Des bibliothécaires raidis de poussières et de fiches, féroces aboyeurs ! Quand au regard du monde sur la pauvre bibliothécaire… Quel plaisir !
     
    Jugez plutôt : « Cette bibliothèque est à l’usage des lecteurs dignes de confiance. Le bibliothécaire se réserve le droit d’en interdire l’accès. » Autres temps, autres mœurs !
     
    Ps : la description des relations entre anglicans et catholiques est d’actualité ! Comment comprendre sinon le battage autour de la conversion au catholicisme de ce vieux Tony !

    Barbara Pym, Une demoiselle comme il faut, Christian Bourgois éditeur, 2007, 318 p.