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alain monnier

  • Je vous raconterai

     

    Une société qui tremble sous la menace de la pauvreté et de la violence, un homme tombé dans la misère et l'enfer de la rue. Alors qu'il s'apprête à se suicider, l'homme de main d'un magnat de la mafia l'approche et lui propose de participer à un spectacle de cabaret hors du commun: une fois par mois, des hommes jouent à la roulotte russe pour le plaisir des spectateurs et contre une forte somme d'argent. Fasciné par ce qu'il a ressenti, il revient inlassablement, échappant à chaque fois à la mort contre toute probablité. Au point que petit à petit se bâtit la légende de celui qui est protégé par le sort. Une légende avec laquelle il va devoir apprendre à vivre.

     

    Au départ, Je vous raconterai est le récit d'une déchéance ordinaire, de celles qu'on se voit parfois raconter dans les journaux ou les documentaires. Celui qui va devenir Le Protégé raconte comment de sa petite vie ordinaire de travailleur, d'époux et de père il a sombré jusqu'à se retrouver à la rue et au bord du suicide. Il raconte la rue, la violence omniprésente, le froid, le désespoir. Mais son but n'est certes pas de raconter ce qui arrive à ceux qui sont perdus. Ce qu'il raconte, c'est la trajectoire improbable que va soudainement prendre sa vie: celle d'un homme qui voulait mourir et qui retrouve goût à la vie en jouant à la roulotte russe. Revenu de tout, il fait partager au lecteur les leçons qu'il a tiré de son existence en s'adressant à lui, en l'invectivant, en le secouant... Ce qui donne, vous vous en doutez, un texte provocateur, agaçant, parfois indigeste, mais intéressant.

    Intéressant par le regard porté sur la déliquescence d'une société. Intéressant par les ressorts qui amènent le narrateur à reprendre le goût à la vie en frôlant la mort. Intéressant dans ce qu'il montre de la naissance d'une icône, d'une sorte de sauveteur aux yeux d'une société.

    Agaçant par l'aplomb du narrateur, sa condescendance parfois, son sentiment de Savoir, sa manière de s'adresser au lecteur le manque d'épaisseur des personnages "secondaires", les maladresses dans les dialogues, le côté un peu abracadabrant de l'histoire (le narrateur est un miraculé professionnel puisque enfant, déjà, il avait échappé à une mort certaine grâce au sacrifice de sa mère...°

    Malgré le sentiment d'exaspération qui parfois me prenait, j'ai suivi jusqu'au bout cet homme est entre-deux. Pas encore mort, plus tout à fait vivant. Un état qui lui permet un franc-parler certain et des rélfexions intéressantes sur la vie et la mort. Il y a des moments de grâce dans le récit, malheureusement entrecoupés de passages un brin ennuyeux, ou crispants. Quelque part, lire Je vous raconterai, c'est fréquenter un être humain avec ses qualités et ses innombrables défauts. On en sort remué et sans s'être ennuyé.

    Bref, Je vous raconterai ne restera pas dans mes annales, mais l'expérience de lecture fut intéressante et originale!

    Un article sur le blog Mollat, sur le blog de la librairie Georges, l'avis d'Yv...  

     

    Alain Monnier, Je vous raconterai, Flammarion, 2009, 3/5