Milieu du 18e siècle, Ursule et Appoline grandissent dans une famille religieuse dont le père, adepte de la Providence et la mère, quasi mystique, s'abandonnent au bon vouloir de Dieu jusqu'à sombrer dans la misère. Si Appoline ne voit rien ou presque, Ursule, rongée par l'ambition et la volonté de se libérer d'une vie médiocre s'enfuit. Deux soeurs, deux vies, jusqu'au jour où Appoline retrouve sa soeur mourante et découvre à travers un manuscrit qu'elle laisse derrière elle le récit de ses aventures, de son départ pour Paris dans les bagages du duc de Richelieu à sa déchéance après les fastes du statut de maîtresse royale.
S'il est une chose qu'il faut reconnaître à ce roman, c'est l'art avec lequel son auteur a su peindre le 18e siècle, lui gardant les teintes de l'authencité tout en y déployant une saga pleine de rebondissements et de ressorts dramatiques. Dans Le testament d'Olympe, deux soeurs, deux voix, deux destins de femmes et deux regards sur la condition féminine. Appoline la sage, entrée au couvent et destinée à devenir une soeur faute de pouvoir prétendre au mariage. Ursule la révoltée, fuyant pour trouver enfin un espace où déployer sa nature passionnée. Chacune à sa manière déjoue le destin qui les amenaient à subir leur condition de femme: ne pas pouvoir devenir épouse et mère faute d'argent et par conséquent, finir vieille fille s'occupant de ses parents, ou vierge consacrée à Dieu. Toutes deux vont subir de plein fouet les drames d'un 18e siècle dont les déséquilibres, les conflits et les drames annoncent déjà le déclin et la chute de la monarchie française, la décadence d'une famille royale qui peine à assumer l'héritage du Roi Soleil.
On découvre ainsi par le petit bout de la lorgnette l'histoire de France marquée par les conflits religieux et politiques, les moeurs d'un temps où le libertinage côtoyait la religion. A travers la famille d'Appoline et Ursule, on devine les méandres religieux, du jansénisme et de ses avatars, le retour à la rigueur religieuse, la vie d'une épouse prépetuellement enceinte. A travers les aventures Appoline, on découvre le destin d'une jeune fille pauvre destinée au couvent ou à la mort, la dûreté d'un temps où les orphelinats et les écoles étaient des mouroirs et où seuls les plus solides des enfants survivaient quand ils n'étaient pas enlevés et vendus. A travers Ursule devenue Appoline c'est celui d'une courtisane avec ses gloires, ses fastes et ses chutes brutales et sans rémission, la cruauté du monde de la cour et les débauches des puissants. Partout des portraits de femmes, effrayant dans ce qu'ils disent de la condition des femmes partout soumises au bon vouloir des hommes dont dépendent et d'une société qui ne pardonne pas le moindre faux pas.
Chantal Thomas brosse un portrait vivant, passionnant, cru et réaliste de l'époque, malheureusement déservi par la construction du roman en deux monologues et le parti pris d'utiliser des ressorts romanesques qui, pour rappeler les oeuvres de l'époque, n'en sonnent pas moins artificiels. C'est parfois trop rapide, parfois trop outré mais écrit avec talent et un style brillant, convaincant.Et puis il y a cette galerie de personnages pittoresques, des plus puissants aux plus modestes, à laquelle faute de s'attacher vraiment, on prend de l'intérêt. Il ne manquait pas grand chose pour que ce soit un coup de coeur, ce sera juste une lecture agréable. Mais c'est déjà ça!
Thomas, Chantal, Le testament d'Olympe, Le Seuil, 2010, 306p.
Commentaires
c'est la styliste de lingerie qui a écrit ça, ou c'est un homonyme?
Il fait partie des livres de la rentrée que je veux lire !
@ Choupynette: une homonyme!! :-))
@ Irrégulière: j'en avais très envie et je suis contente de l'avoir lu, mais j'ai été un peu déçue. J'attendais trop sans doute!
J'ai cru quand j'ai vu le nom de famille que tu avais lu le livre de la demoiselle Thomas qui était very very cru et que tu le commentais pour nous. Une fois revenue de mon bébé-déception, je me dis que bon, pourquoi pas!
J'aime beaucoup l'oeuvre de Chantal Thomas ! Celui-ci est un achat prévu !
J'avais beaucoup aimé "Les adieux de la reine" dont le style était superbe. J'ai lu des critiques plutôt négatives sur celui-ci, c'est vraiment dommage car Chantal Thomas est une grand spécialiste du XVIIIème.
Je ne connaissais pas cet écrivain mais , ce que tu décrit, me plait bien.
Je note sur mon petit carnet à idées pour plus tard.
@ Karine:): ohhhh? Et c'est quoi le titre? Par ce que je suis intriguée là, tu en es consciente!? :-))
@ Océane: j'avais beaucoup apprécié Les adieux à la reine!
@ Titine: et c'est pour ça que sa description du 18e est superbe. Je suis un peu plus réticente, ou en tout cas un peu déçue par le récit cette fois!
@ Isa: c'est un beau roman mais je te conseille de découvrir l'auteur avec Les adieux à la reine!
J'aime beaucoup ton analyse avec laquelle je suis d'accord.. Je l'ai lu et commenté aussi. C'est un livre que j'ai mis en livre voyageur. Si tu connais des amateurs, merci de le leur dire.
J'aime beaucoup cette période et je note donc ce roman!
@ ClaudiaLucia: j'en parlerai!
@ Edelwe: c'est un bon moyen de se plonger dans l'ambiance du 18e!