Ren est manchot et orphelin. Autant dire que ses chances d’être adopté par un fermier du coin sont proches du néant et que son avenir est obscurci par le sort qui attend ceux qui sont engagés de gré ou de force dans l’armée et ce , quelques soient leurs tares physiques ou mentales. Mais un jour, l’improbable se produit : Benjamin Nab qui se prétend son frère, vient le chercher. Mais dit-il la vérité, ce frère dont les activités interlopes vont plonger Ren dans un univers de voleurs, d’escrocs et de marginaux ?
Amanda en avait parlé avec une telle passion au cours du deuxième Gang des LIT que je n’avais pas pu la laisser repartir avec son exemplaire du roman. Heureusement d’ailleurs que je l’ai gardé au chaud, c’eut été fort dommage de passer à côté de cette petite merveille ! C’est brillant, foisonnant, drôle et effrayant à la fois, avec un petit côté outré assumé qui rend la lecture très plaisante. Entre pilleurs de tombes, nains, manchots, arnaqueurs, ressuscités et voleurs en tout genre, on se retrouve dans une histoire de freaks à la mode far-west qui ne fait pas l’impasse sur les réalités sordides de la pauvreté et de la marginalité.
L’histoire de Ren est un beau récit initiatique, qui voit un enfant passer à l’âge adulte en trouvant des réponses à ses rêves : trouver une famille, savoir d’où il vient, et en apprenant à assumer une réalité qui est forcément bien loin de ses fantasmes. Au lieu d’une mère présente et aimante, il trouve un frère pas toujours tendre, au lieu d’une histoire familiale marquée par la nécessité de son abandon, il tombe sur une histoire atroce et sanglante comme ces temps troublés en voyaient souvent. Mais quels qu’aient été ses rêves, la réalité est aussi celle de l’espoir retrouvé et de l’amour réel que lui porte son nouvel entourage, de la cruauté de la vie et de la malfaisance, accompagnée de la plus belle des solidarités et de compassion.
Hannah Tinti fait preuve d’une réelle finesse psychologique sous des dehors clownesques : ses personnages sont ambigus, comme Benjamin le menteur qui se cache derrière des récits forgés de toute pièce pour ne pas affronter la réalité, comme Thomas, brisé par une histoire d’amour, comme Mme Sands la logeuse sourde avec son cœur grand comme l’Amérique… Il y a de la durêté dans cette galerie d’hommes, de femmes et d’enfants qui défilent, tous éclopés. Du Dickens, et ce n'est pas moi qui le dit! Il y a aussi de la magie. Hanna Tinti enveloppe les rebondissements multiples de son récit dans une ambiance un peu fantastique, teintée d’une sorcellerie qui se révèle être finalement aussi factice que les tours de magie des foires mais aura rempli son rôle en embarquant le lecteur dans un voyage où il aura tourné en bourrique plus d’une fois avec un plaisir avoué et revendiqué.
Un voyage donc, enthousiasmant, épuisant, dont on sort avec le sourire et l’envie de retrouver un jour Ren et son petit monde dans de nouvelles aventures.
L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt, Fashion, Cuné...
Tinti, Hannah, Le bon larron, Gallimard, 2009, 373 p. 4/5
Commentaires
Tu confirmes mon envie de le lire, Amnanda m'avait vraiment tentée avec ses commentaires.
:))
@ Titine: elle m'avait enthousiasmée et je n'ai pas été déçue!
@ Amanda: et oui!!
Si tu sors les grands arguments (genre Dickens), déjà que j'étais tentée, là, je ne peux plus résister!!
@ Karine:): c'est pas moi qui ait commencé!! :-))