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Zola Jackson - Gilles Leroy

20091127110114_1_164x240.jpgAoût 2005, l’ouragan Katrina dévaste la Nouvelle-Orléans. Les digues cèdent, les quartiers les plus modestes de la ville sont submergés. Zola Jackson s’organise pour rester chez elle et refuse toute évacuation qui ne lui permettrait pas d’emmener avec elle sa chienne, tout ce qui lui reste de sa famille.

Gilles Leroy est un écrivain que j’ai découvert avec son magnifique Alabama Song, un très beau portrait de femme. Avec Zola Jackson, c’est le moins qu’on puisse dire, il réitère. A travers cette femme, c’est un superbe portrait psychologique, une description réaliste et poignante des drames d’une vie qu’il offre à ses lecteurs.

Zola Jackson n’est pas une héroïne : c’est une femme blessée, une mère abusive, une forte tête arrogante, crispante et attachante qui n’a jamais su se taire et en a payé le prix fort. Au fur et à mesure que l’ouragan se déchaîne, que l’eau monte, elle revient sur le passé, et surtout, sur l’histoire de son fils tant aimé. A travers ses souvenirs, se dessine petit à petit son sentiment de culpabilité, sa colère, un amour maternel dévastateur qui l’a poussée à toujours demander plus à son fils et à le blesser. Il y a les rêves qui rendent le réveil difficile, le désespoir parfois, le deuil qui ronge tout,  les espoirs enfuis. Au fil des heures, Zola défile son histoire de femme et de mère. Surtout de mère d’ailleurs. Tout y est, l’aveuglement d’une mère qui refuse de voir ce qui ne correspond pas à ce qu’il croit savoir de son enfant, son sentiment d’avoir été trahie quand l’enfant se révèle ne pas tenir les attentes dont il était chargé, l’espoir d’un avenir meilleur pour lui, la souffrance infligée l’un à l’autre, les non-dits, l'amour qui reste malgé tout inconditionnel. Par touches successives, Gille Leroy raconte une relation mère-fils qui tient presque de l’universel.

Mais le plus impressionnant dans ce roman est sans aucun doute la capacité hallucinante et impressionnante qu’a Gilles Leroy d’incarner Zola. C’est un personnage totalement crédible dans sa foi pour la connaissance, sa volonté de faire sortir son fils du ghetto, son refus d’avoir peur du monde et du qu’en dira-t-on. C’est une voix émouvante, touchante parce que profondément humaine, servie par une plume juste qui va à l’essentiel.

Au-delà, Gilles Leroy s’empare de l’Amérique profonde, celle du sud encore raciste, des ghettos, de la survie et de la révolte, celle des médias et excelle à faire monter la tension autour de cette catastrophe qui détruit une ville et qui sera un échec politique cuisant pour le président en poste et provoquera le scandale tant la gestion des secours et l’attitude des médias se sera révélée déplorable.

Seul bémol, un épilogue en forme de happy end qui gâche un peu la force du texte à mon sens. Mais pas de quoi bouder son plaisir, loin de là !

D'autres avis: Stephie, Uncoindeblog, Fashion, Amanda...

Gilles Leroy, Zola Jackson, Mercure de France, 2010, 4/5

Commentaires

  • Un auteur que je veux découvrir depuis longtemps!

  • aucun doute ça donne envie !!!

  • C'est vrai, Zola est un personnage totalement crédible, on a l'impression d'apprendre à la connaître, intimement, au fil du roman.

  • Moi du coup, ça m'a fait du bien ce happy end ;)

  • C'est vendu! :) J'ai Alabama Song quelque part chez moi, que je n'ai toujours pas lu. Je vais le déterrer un de ces jours je pense.

  • J'avais beaucoup aimé Alabama Song de Gilles Leroy.
    J'ai l'impression que ce récit est encore plus intense. Je note ce titre...

  • Moi aussi je note, j'avais déjà été très tentée par le billet de Papillon (journal d'une lectrice) et je vois que toi aussi tu l'as apprécié !
    Bonne journée

  • @ Edelwe: je l'ai découvert par Alabama Song, ça avait été une belle rencontre!
    @ Isa: j'espère que tu vas partir à la découverte de ce joli texte alors!
    @ Brize: oui, d'autant plus qu'on plonge aussi dans ses rêves, dans ses illusions, voire ses délires. Je trouve que Leroy a l'art d'entrer littéralement dans l'esprit de ses personnages!
    @ Stephie: ça allège un peu le récit dont le fond est dur, mais je ne sais pas, j'ai eu l'impression que ça sonnait un peu faux!
    @ Casanova: ahhhh, les fouilles archéo dans les PAL!! On retrouve de ces trucs! :-)
    @ Marie: différent, mais effectivement très très intense! Le genre de texte qu'on a du mal a oublier!
    @ L'or des chambres: oh oui!

  • Ah ! mais arretez, toutes, avec ce titre ! Je sais que je dois le lire ! J'ai juste pas le temps, c'est tout ! :D

  • @ Choco: tu vas finir par l'avoir le temps, ne râle pas!! :-))

  • Si je rale ! lol
    J'ai toute une pile de lectures "obligatoires" en ce moment... alors que j'ai envie de lire d'autres choses qui me tentent plus...
    C'est frustrant !

  • C'est étrange, mais ce roman dont j'ai lu le billet d'Amanda me donne envie, par contre, je ne l'ai pas encore trouvé en librairie ! Le sujet m'attire. J'aime particulièrement cette Amérique profonde, avec les problèmes des états du sud, leur racisme, leur ghetto, leur ostracisme.

  • @ Nanne: étrange que tu ne le trouve pas! Enfin il est peut-être en rupture! C'est un beau roman, complexe, aux thèmes difficiles et qui touche au coeur!

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