J’avais déjà croisé aux détours des rayonnages de la bibliothèque le nom de Maguelonne Toussaint-Samat. L’œil attiré par le joli titre de son ouvrage, je l’avais noté dans un recoin de ma mémoire, me disant qu’un jour ou l’autre, le l’ouvrirai pour voir ce qu’elle pouvait bien raconter sur ce sujet au combien alléchant des gâteaux et des friandises. Il a fallu que Babelio m’envoie son Miamissime dans le cadre de l’opération Masse Critique pour que je me décide ! Et bien m’en a pris !
La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises est une somme d’érudition, d’humour et de plaisir enthousiasmante. Maguelonne Toussaint-Samat fait œuvre d’historienne des mœurs : même si elle ne s’affirme pas comme telle, elle trace à travers l’histoire des gâteaux, entremets, desserts et autres gourmandises un tableau des us et coutumes humaines à travers le temps et l’espace. Mais on est loin de l’aridité que peuvent parfois avoir les essais historiques. Quand Maguelonne Toussaint-Samat fait une chronologie, c’est celle des pâtisseries les plus marquantes ! Quand elle utilise l’étymologie, c’est pour retracer les évolutions du mot entremet, ou de pâtissier ! Quand elle appuie ses démonstrations sur des extraits d’œuvres, ce sont des menus de banquets du 17e siècle et des recettes telles qu’écrites par ceux qui les ont réalisées… ou dégustées !
De manière fort agréable et didactique, l’ouvrage est divisé en parties : une première pour faire l’histoire de la profession des enchanteurs, pâtissiers et confiseurs, une seconde pour retracer l’histoire des ingrédients, une troisième pour faire celle des gourmandises à travers les âges, une autre pour retracer l’évolution des gâteaux et pâtisseries françaises avant d’arriver aux traditions gourmandes du monde entier et de passer aux glaces, confitures et fruits confits ! Le tout abondamment illustré de cartes postales, photographies, dessins, lithographies et parsemé d’anecdotes savoureuses : comment est née la toque du pâtissier, pourquoi le bretzel a la forme qu’on lui connaît et était échangé par les fiancés à Noël, pourquoi les œufs étaient considérés comme trop précieux pour être utilisés dans les gâteaux, d’où vient le sucre et comment il a été découvert… Avec Maguelonne Toussaint-Samat, on voit des destins de pâtissiers s’accomplir, des guerres se livrer à grand renfort de pain d’épice, et on apprend une foule de choses fort sérieuses et intéressantes sans même en avoir l’impression tant sa passion et son enthousiasme sont communicatifs !
A lire Maguelonne Toussaint-Samat, on n’a qu’une envie, celle de se replonger dans livres et carnets de recette, de touiller et mitonner, monter et pâtisser pour illuminer le quotidien, partager le bonheur de ces bonnes choses si importantes et accomplir le « devoir de gourmandise » !
Maguelonne Toussaint-Samat, La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises, Flammarion, 2004, 431 p.
Commentaires
Tout ça m'a l'air charmant, un beau mariage entre l'érudition et la gourmandise !
Une petite merveille!
Très appétissant, tout ça !
Alors ça c'est tout à fait mon genre de livre... ben oui déjà que je lis des bouquins de cuisine pour le plaisir et que je réalise les recettes que je trouve dans les polars... imagine une histoire de la patisserie !!!!!!
J'ai passé ma lecture à saliver!
Tu vas totalement fondre! Je vais sans doute me l'offrir pour le garder à portée de main! Et si ça peut te rassurer, je découpe les recettes, je tourne autour des livres de cuisine, et je réalise
les recettes que je trouve dans les livres moi aussi! ;-)
Je rêve de lire cette histoire de la pâtisserie, et en plus tu aiguises terriblement la curiosité : pourquoi ne mettait-on pas d'oeufs dans les gâteaux, alors ? :)
La gourmandise est un défaut qu'il faut cultiver ! Pour allier les plaisirs de la la table et ceux de l'esprit, j'ai découvert au dernier salon du livre à Pontivy (dont le thème était livres et gastronomie) une dame épatante: Michelle Barrière qui écrit des polars historiques gastronomiques (tout un programme) J'ai lu Souper mortel aux étuves, Meurtres à la Pomme d'or et Natures mortes au Vatican. L'auteur décrit avec beaucoup de détails les mets de l'époque concernée que cela soit l'Antiquité ou le Moyen-Age et cerise sur le gâteau, elle donne à la fin du roman les recettes citées dans le livre, recettes qu'elle a elle-même testées et qui paraissent délicieuses.
Parce qu'ils étaient trop précieux: un oeuf=une poule! Et puis il y avais le symbolisme aussi! Bref, plein de bonnes raisons!
J'ai vu passer ces romans et je pense y jeter un oeil même si je ne suis pas très polar! J'aime tellement lem élange de littérature et gastronomie que de toute manière je ne résisterai pas
éternellement!