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La vengeance des aubergines (non mais c'est vrai quoi à la fin)

 
cat-1140621604-1.jpgConfrontée à une dramatique question de choix pour le club des théières, j’ai finalement jeté mon dévolu sur un recueil de nouvelles. Mais pas n’importe quelles nouvelles ! Non, non ! Des nouvelles culinaires !! Oui, cela existe ! C’est ce que nous offre Bulbul Sharma dans La colère des aubergines : une série de nouvelles, les recettes que cuisinait sa grand-mère Dida et quelques uns de son cru. Dans un très bel avant-propos, elle raconte cette petite femme en sari blanc de veuve qui cuisinait chaque jour pour toute sa famille ce qu’elle-même ne touchait pas. Un beau personnage de femme cette Dida, réfugiée dans une cuisine devenue sanctuaire, avec des mots que les grands-mères utilisent presque universellement à mon avis : « Mange… mange, tu es tellement maigre. » Moi ce n’est pas pour le chou-fleur aux cinq épices mais pour le couscous. Ceci dit le résultat est le même !
 
En douze nouvelles Bulbul Sharma présente tout un univers de femmes indiennes. Des femmes très différentes les unes des autres. Des veuves, des jeunes mariées, des vieilles femmes, des mères. Des hommes aussi, toujours un peu lâches, un peu veules, un peu perdus. Car les femmes chez Bulbul Sharma sont fortes. Ce qui ne les empêche pas d’être aussi, parfois, ridicules ! Il n’est que de voir cette riche femme qui tente à tout prix de maigrir sous le regard narquois et désespéré de ses domestiques. Ou cette veuve au crépuscule de sa vie qui court après le prêtre susceptible de manger le repas cérémoniel préparé pour les mânes de son défunt époux : « Bien que pour ma grand-mère l’acte de nourrir le prêtre, qui lui vaudrait un bonus important au plan d’épargne mérite géré par le ciel, fût au cœur de la cérémonie, elle n’avait trouvé en dix ans aucun ministre du culte à la hauteur de ses talents culinaires. »
 En tout cas, elles savent mener leur monde.
Bien sûr tout n’est pas toujours rose pour ces femmes. La cuisine, les femmes, la maison et la famille sont au centre des récits, mais des femmes qui ont des statuts divers, des destins divers. Certaines sont soumises à la tradition et en souffrent essaient de se libérer ou le refusent, d’autres se sont libérées et en souffrent aussi. Bulbul Sharma montre bien qu’entre tradition et « modernité », le choix n’est pas simple et que les conséquences de ce choix peuvent être lourdes à porter.
En tout cas, avec ces nouvelles, on prend la mesure du rôle central que joue la nourriture dans la culture indienne. Tous les événements sont prétextes à banquets. Enterrements, cérémonies religieuses, mariages. Les familles se livrent même parfois à de véritables compétitions, laissant leurs invités à deux doigts de l’explosion. Les repas sont des sources infinies de discussion, de comparaison, voire de lutte ! Pour savoir qui, de la belle-mère ou de la bru est la plus à même à prendre soin de l’homme.
Ces nouvelles sont très souvent drôles, parfois tristes, toujours savoureuses. Des tranches de vie indienne sont offertes. Et de très beaux personnages. Dida, Buaji, Maaji, Mani et les autres ne me quitteront pas de sitôt ! Et pour une bonne raison puisque La colère des aubergines va trouver sa place parmi mes livres de cuisine !
On trouve à la fin de chaque histoire de magnifiques recettes avec les tours de main de l’auteur. Un lexique en fin d’ouvrage permet de se retrouver dans tous les termes hindis. Tout au long des pages on salive, on sent les odeurs et on voit les couleurs de l’Inde dans toute leur diversité.
 
Une belle lecture.
 

 

Bulbul Sharma, La colère des aubergines, Picquier poche, 2002, 201 p.
 

Commentaires

  • tu vas essayer toutes les recettes ??

  • Il est dans ma PAL!! Vite vite il faut que je le lise!!

  • La version lutte entre le beau-père et le mari pour savoir qui est à même de prendre soin de la femme, n'existe pas?...l'aurais bien adoptée moi!

  • Oui, c'est très tentant ! J'aime la cuisine et les histoires qui se passent en Inde, je ne peux qu"aimer.

  • Yep! J'ai le tablier, je me lance quand j'aurai récupéré mon exemplaire qui tourne!! ;-)

  • Toi qui aime cuisiner tu vas te faire plaisir!! C'est sympa de pouvoir allier deux passions comme ça!

  • Et moi donc, mais malheureusement l'Inde (et ce n'est pas le seul pays) ne connait que l'autre version! Ca en dit long sur ls statut de la femme.

  • Là effectivement tu devrais y trouver ton compte!

  • Miam, ça donne faim... justemetn je l'ai dans ma pal celui-l)à mais il est pour mon challenge 2008 ;-)

  • Tu n'en as plus pour longtemps à patienter alors!! Tiens au fait, il y a une démarche particulière à faire pour faire un challenge?

  • A force d'en lire des critiques bloguesques, ce recueil m'a mis l'eau à la bouche ! Je viens d'en toucher deux mots à mon compagnon : il l'a dans sa blibothèques ! Ce sera sûrement l'une de mes prochaines lectures.

  • confirmation c'est la même image que chez notre bien aimée mamy! enfin chez mamy les couleurs sont très très sombres, et je ne suis pas tout a fait sure, dison que je le suis a 99 pour cent!  voili voilou!

  • ah oui et je pense que maintenant tu peux mettre l'adresse de mon blog!

  • C'est vrai que c'est un joli recueil de nouvelles. Quant à ta lecture en cours on a la même et je dois lire aussi Mangez-moi. 

  • Tout ce que je peux dire à ce stade c'est que ton compagnon a bon goût! C'est vraiment un excellent recueil de nouvelles, ce qui n'est pas toujours gagné! Et en plus dépaysant! :-)

  • C'est fait puce, c'est fait!!

  • C'est drôle ces coïncidences! Enfin, en même temps, en ces temps de prix littéraires, ce la devient plus facile! Nous avons toutes et tous le smême curiosités! En tout cas, moi qui n'aime pas particulièrement l'auteur de la lecture en cours, je dois m'avouer assez impressionnée! J'ai hâte de connaître ton avis sur la question!

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