Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le plus violent désir

Non, il ne s'agit plus du drame du LCA. En fait, j'ai fait une tentative de désherbage de ma bibliothèque personnelle. Bien sûr, ça n'a pas marché, mais j'ai retrouvé au hasard des étagères La Princesse de Clève. Et à force de le feuilleter, j'ai fini par le relire. Bon, il faut dire que les souvenirs que j'en gardais, dix années s'étant passées étaient flous, et que finalement, c'est comme si je l'avais lu pour la première fois.

Résumons: Mlle de Chartres épouse sans plus l'aimer que cela M. de Clèves. Elle, vertueuse, intelligente, sensible, qui se croyait à l'abri des passions va pourtant connaître un amour dévorant pour un autre, M. de Nemours. Et va précipiter le drame par cet amour et l'aveu de cet amour à son époux.

C'est tellement mignon... Cette langue précieuse, élaborée. Cette absence totale d'histoire... En fait, ça me fait un peu penser à Jane Austen pour ce côté. Il ne se passe absolument rien (elle l'aime, il l'aime, elle est mariée, lui non, il lui fait la cour,elle se refuse, etc., etc.) mais on ne décroche pas une minute. Et puis c'est tellement caractéristique de l'époque: vertu austère (je pense au jansénisme, mais je me plante peut-être un tantinet de période là non?) contre moeurs d'une grande liberté, passions dévorantes et maîtrise de soi. Mme de Clèves est un personnage étonnant avec sa logique de confiance, de respect des engagements et de soi-même poussée à de telles extrêmités. Elle en devient effrayante, inhumaine (un peu comme l'Electre d'Anouilh). Comme l'exprime bien son malheureux époux: "Vous avez attendu de moi des choses aussi impossibles que celles que j'attendais de vous. Comment pouviez-vous espérer que je conservasse la raison? Vous avez oublié que je vous aimais éperdument et que j'étais votre mari?"

Tiens, au passage, je trouve savoureuse la conception du mariage décrite dans ce roman: l'amour n'y a que peu de place (sauf exception), voire aucune. Alliance, jeu de pouvoir oui, mais amour... Ce qui est parfaitement résumé par cette phrase: "On fait des reproches à un amant; mais en fait-on à un mari, quand on n'a qu'à lui reprocher de n'avoir plus d'amour?" D'où sans doute les méli-mélos amoureux sans fins décris par Mme de La Fayette.

La Princesse de Clèves, Marie-Madeleine Pioche de la Vergne La Fayette (j'adore son nom), J'ai lu Librio, édition antédiluvienne, 159 p.

Commentaires

  • Je l'ai dans la collection Librio, bien que je ne l'ai pas encore lu (a 2 €, on en prend toujours plein... trop ?). Mais tu m'a donné envie de le lire !

  • Oui, un choix éditorial dramatique pour les pôvres lecteurs ces collections pas cher. Bon, quand tu vois dans quel état est le papier au bout de 5 à 10 ans... Tu comprends aussi pourquoi ils n'étaient pas cher! Mais c'est sympa quand même! Et ravie de t'avoir donné le virus! J'aime beaucoup ce type de roman!

  • "que je conservasse la raison ?"  ... c'est bon ! quel délice, le vieux français ;-)

  • Oui, j'ai savouré le subjonctif...Euh.... C'est bien un subjonctif; n'est-ce pas?

  • Ta critique me tente énormément, je le note et le surligne. Pour le jansénisme, Mme de La Fayette (me semble t-il) écrit en plein au moment où ça commence à chauffer pour eux . Peut-être a t-elle été influencée par l'affaire...

  • Ouf, ma fibre d'historienne contrariée reprend son souffle! Il me semblait bien quand même que cette morale exacervée en relevait! C'est en tout cas une belle histoire d'amour contrarié, morale ou pas morale!

Les commentaires sont fermés.