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  • La joueuse d'échec

    Naxos, la chaleur et la mer, la beauté d’une île des Cyclades. Sur cette île, Eleni, épouse et mère, femme de chambre dans un hôtel vit une vie tranquille. Jusqu’au jour où elle heurte dans la chambre de touristes français un échiquier. A compter de ce jour, le damier va occuper ses pensées au point qu’elle va outrepasser les traditions et apprendre les règles de ce jeu réservé aux hommes. Mais on ne brise pas les règles sans risque. Eleni va l’apprendre à ses dépends.
     
    Que voilà un joli conte sur le pouvoir des échecs et l’émancipation d’une femme ! Eleni est une femme parfaite, du moins aux yeux de son époux et de ceux qui l’entourent. Bonne épouse, bonne mère, employée fiable, rien ne semble pouvoir infléchir le cours d’une vie toute tracée. Et pourtant ! Son amour des échecs va l’amener à défier les traditions et les codes d’une société fermée, où chacun connaît chacun et où le regard de la communauté est le plus sûr moyen de maintenir ses membres dans le droit chemin. Bertina Heinrich dépeint ce défi avec humour et légèreté en offrant une galerie de personnages attachants : Eleni bien sûr, mais aussi Paris, son époux un brin macho et faible, l’Arménien au bon sens imparable, Kouros le vieux professeur, Costa le pharmacien bougon, Katarina la langue de vipère… Tout un petit monde qui s’agite, se déchire et se rabiboche, se regarde et prend partie dans une guerre conjugale qui se veut sans merci et voit un échiquier soigneusement dissimulé das un congélateur.
    Paris aime Eleni, mais il est incapable de concevoir ses besoins et ses désirs. Or, en découvrant les échecs, Eleni s’est découverte et a pris progressivement conscience de ses capacités et de sa propre valeur. Elle a eu besoin d’un espace de liberté que la société dans laquelle elle vit lui refuse. Son combat donne une histoire fluide, agréable, drôle aussi, très sympathique et attachant. Une parfaite lecture de vacances.

    Bertina Heinrich, La joueuse d'échec, Liana Levi, 2005, 3.5/5