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fukuyama

  • Voyage à Uroshima


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    Et bien voilà, j’ai lu mon premier hentai (manga pour plus de 18 ans dirons nous pudiquement) tout à fait par hasard ! Vous ouvrez un volume au hasard puisqu’il n’y a pas de quatrième de couverture et que la couverture justement n’est guère explicite et voilà ! Bien que, je m’interroge encore sur la classification !
     
    Un quinquagénaire en voyage fait un rêve érotique mettant en scène une lycéenne voyageant dans le même wagon que lui. Lorsque celle-ci descend du train, elle oublie son portefeuille. Il s’empresse de descendre derrière elle pour lui rendre et se retrouve coincé dans la petite gare d’Uroshima. Un endroit, où, il s’en aperçoit bien vite, faire l’amour au vu et au sus de tout le monde et avec la première personne rencontrée est aussi naturel que de dire bonjour.
    Après avoir fuit, il revient, obsédé par le visage de la jeune femme. Pendant son séjour, il va devenir rien de moins qu’un dieu du sexe (monsieur toujours-prêt) pour les autochtones et réaliser ses fantasmes. Mais quand on ouvre la boîte de Pandore, il faut accepter d’en payer le prix.
     
    Voilà pour le scénario. Il est tiré d’une légende japonaise, l’histoire d’un pêcheur qui sauve une tortue des mer du bande de gamins et qui est invité en remerciement dans un palais sous-marin où il épouse une princesse et coule des jours heureux. Le voilà pourtant un beau jour atteint par le mal du pays. Sa princesse le laisse aller en lui confiant un coffre qu’il ne doit à aucun prix ouvrir. Arrivé dans son village, le pêcheur s’aperçoit que trois cent années ont passé. Désespéré, il s’assoit sur le sable et ouvre le coffre d’où s’échappe son grand âge. Il meurt là.
    On y retrouve, vous l’aurez remarqué, un certain nombre de figures connues dans d’autres traditions : celle de la suspension du temps dans le pays des fées, celle de la boîte de Pandore, etc. Ceci étant dit, il ne s’agit pas de faire de la littérature comparée, mais de souligner que je n’ai pas franchement compris le rapport entre cette légende et le manga censé en être tiré ! Si ce n’est que le héros de cette histoire, à courir après le rêve que représente cette lycéenne se retrouve perdu dans une chimère cauchemardesque. A ne pas avoir su retenir ses désirs et sa curiosité, il se perd. Et à tout quitter pour courir après le bonheur, il le perd.
    Curieusement, ce manque de rapport ne porte pas préjudice à l’œuvre. Pas plus que la crudité des planches ! Tout le monde s’envoie tout le temps en l’air avec tout le monde, mais avec un burlesque et un naturel qui éloignent toute vulgarité. Aucune vision abaissante de la femme, ou de la sexualité. Le sexe est à Uroshima un aspect comme un autre des relations sociales et les femmes sont tout aussi « demandeuses » que les hommes ! Une bien étrange égalité ! Notre (anti)héros, tour à tour perdu, satisfait de lui-même, fébrile, et fou d’amour, a un air à côté de la plaque réjouissant. Quand aux dialogues… Mon Dieu !
    Je n’irais sans doute pas rouvrir ce manga, mais j’en garderai un souvenir hilare. Une curiosité à ne pas manquer.
     

    Yôji Fukuyama, Voyage à Uroshima, Sakka Casterman, 2006, 192 p.