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brigitte smadja

  • Il faut sauver Saïd

     

    Saïd aime les mots, le français, son dictionnaire et être bon élève. En tout cas, il aimait avant le collège Camille Claudel et ses 1200 élèves, le bruit, le racket, le mépris et la haine de ceux qui veulent détruire tout ce qui est beau et bon. Ce n’est pas qu’il ne veut pas s’en sortir Saïd, mais comment lutter quand on a 11 ans, une famille déchirée par la délinquance et la religion. A quoi s’accrocher ? Un tableau vu pendant une visite scolaire au musée d’Orsay ? L’amitié de son copain Antoine ? Le professeur d’histoire-géographie qui ressemble à l’acteur de Mission : impossible ?

     

    Mois après mois, Saïd raconte dans son cahier sa vie d’enfant des cités. Une vie qui a radicalement changé depuis qu’il est entré en sixième et qu’il a quitté le petit monde douillet de l’école primaire pour la jungle d’un collège sans âme. Smadja ne caricature pas. Au contraire, avec des mots simples, elle donne à voir à ses jeunes lecteurs et aux adultes qui auront la curiosité d’ouvrir son roman un quotidien qui fait froid dans le dos mais qui n’est pas exempt d’espoir et de petits bonheurs. Avec intelligence, elle aborde des thèmes graves : l’extrémisme religieux auquel se livrent des adolescents perdus, le chômage, l’échec scolaire, l’avenir fermé malgré l’énergie et la volonté des parents, des enseignants. Alors bien sûr on peut reprocher un brin de caricature, un trop plein de tendresse et une fin peut-être trop idyllique, mais on ne peut que d’attacher à ce gamin. Saïd tente de garder la tête haute, de protéger son tout petit frère, sa sœur, la belle et grande Samira qui a décidé de vivre en femme libre ; Tout en sachant qu’il n’est pas meilleur que les autres, qu’il peut céder au chantage, renoncer à intervenir pour se protéger. Qu’il a besoin de l’aide et de la protection des adultes alors qu’il est contraint de quitter le monde de l’enfance de la manière la plus violente qui soit.

    Le tout est ponctué des définitions de ces mots qu’aime tant Saïd : invectives, rictus, abdiquer, tintamarre, admonestation, apogée, dignité, méditer, mépriser, etc.

     

    Un beau roman sur la vie et le destin.

     

    « Devant moi, les lignes forment des lignes comme les mailles d’un filet dont on ne peut pas s’échapper. »

    Brigitte Smadja – Il faut sauver Saïd, Neuf de l’Ecole des loisirs, 2003, 92 p.