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baricco

  • Terre et sang

    J'avais aimé Soie, j'ai aimé Sans sang. Le texte est très différent, et il est agréable d'être surprise et destabilisée. Par contre, l'écriture est toujours aussi agréable, un peu hachée, très belle.

    C'est avant tout l'histoire d'une vengeance, celle de Salinas sur le docteur Manuel Roca, dont on devine qu'il a été un tortionnaire de guerre. Puis celle de Nina, la fille du médecin, qui une fois devenue adulte, venge à son tour son père et son frère assassinés presque sous ses yeux.

    C'est fou le nombre de thèmes qu'Alessandro Baricco parvient à faire passer en si peu de pages. La vengeance bien sûr et le cycle sans fin qu'elle provoque. Mais aussi la guerre, les reniements auquels on est contraint par ce en quoi on croit. Dans les personnages masculins et leurs interactions, la folie où mènent les engagements, les idéologies est décrite sans l'être. Je suis un brin confuse là, non? Simplement, Baricco a le talent, à mon avis, de faire comprendre les choses sans les décrire. Par le simple jeu des relations humaines. Et par des introspections qui laissent pantelant.

    J'ai aimé aussi la démonstration billante du fait que la manière dont chaque être humain perçoit les choses est différente, et que la vérité, si elle existe, est totalement et entiérement contingente à ces individualité. Et puis cet amour improbable qui est simplement et qui est accepté, presque aussi simplement.

    Difficile de faire passer là la complexité de ces pages sans déflorer le texte. J'ai aimé et voilà tout!

    Et je vous offre, pour ceux qui ont eu le courage d'arriver jusque là un petit bout de texte que je trouve magnifique: "Alors elle pensa que même si la vie est incompréhensible, nous la traversons probablement avec le seul désir de revenir à l'enfer qui nous a engendré, et d'y habiter auprès de qui, un jour, de cet enfer, nous a sauvé. Elle essaya de se demander d'où venait cette absurde fidélité à l'horreur, mais elle s'aperçut qu'elle n'avait pas de réponse. Elle comprenait seulement que rien n'est plus fort que cet instinct de revenir là où on nous a brisé, et de répéter cet instant pendant des année. En pensant seulement que ce qui nous a sauvé une fois pourra nous sauver à jamais. Dans un long enfer indentique à celui d'où nous venons. mais clément tout à coup. Et sans sang."

     

    Gambadou en parle un peu aussi!

     

    Alessandro Baricco, Sans sang, Folio Gallimard, 2003, 120 p.