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Corpus Delicti - Juli Zeh

Corpus-delicti-de-Juli-Zeh-158x300.jpgAn 2057. La Méthode s'est imposée et la prophylaxie a fait son oeuvre. Tout est impeccablement propre et chaque citoyen remplit son devoir en se conformant aux contrôles médicaux et sanitaires quotidiens garantissant leur bonne santé. Mais soudain, Mia, jeune et brillante biologiste cesse d'accomplir ses obligations sportives quotidiennes et de transmettre le résultat de ses analyses. Un manquement suffisant pour qu'elle soit convoqué au tribunal. Car son cas gêne tout le monde: depuis le suicide de son frère accusé de viol et condamné alors qu'il clamait son innocence,la jeune femme est instable et doute. Or, la Méthode ne peut se permettre qu'on la remette en cause...

Corpus Delicti est un drôle de roman. De la science-fiction de bonne tenue sous la oripeaux de la littérature générale (je ne vais pas disserter sur mon agaçement face à ces textes sur lesquels tout le monde se pame et qui seraient passés inaperçus des critiques s'ils avaient été publiés dans une collections estampillée littérature de genre, mais ça m'éneeeeeeeerve, seigneur que ça m'énerve!) et par dessus le marché un texte aux accents théatraux indéniables. Je vous l'avoue tout de suite, je l'ai trouvé passablement enquiquinant. La faute à ce ton, à ces dialogues marqués, à ces situations qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer sur scène. La faute aussi à des dialogues parfois un peu longuets et par moment démonstratifs.

Ceci étant dit, je n'ai pas pu le lâcher. Parce que Corpus Delicti est un texte profondément intelligent qui, sans révolutionner la réflexion sur les dérives de l'hygiénisme et le totalitarisme pose de bonnes questions et aborde des thèmes d'une actualité brûlante. Dans l'affrontement entre Mia et la Méthode, puis entre Mia et le journaliste Kramer, ce sont deux conceptions de la vie qui se font face, irréductibles l'une à l'autre. A partir de l'opposition entre individu et collectivité, intérêt individuel et bien commun, Juli Zeh explore des voix variées. Celle du totalitarisme et de ses rouages évidemment, et avec brio. Mais surtout, Juli Zeh explore les chemins qui font basculer de la normalité à la marginalité, et les ressorts du concept même de normalité tout en redonnant un coup de jeune aux débats opposant tenants du corps et tenants de l'esprit. C'est un texte foisonnant d'idées et de concepts, dense, par moment difficile mais finalement fascinant. On balance sans cesse entre des hallucinations criantes de vérités et une réalité cauchemardesque servies par un style très travaillé. Trop pour moi qui de surcroît ai été gênée aux entournures par ce mélange étrange entre prose et théâtre, mais force est de reconnaître que c'est un texte marquant!

 

Cuné en parle et m'a donné envie, Fashion a enfoncé le clou.

Zeh, Juli, Corpus Delicti, Actes Sud, 2010, 237p., 3.5/5

 

 

Commentaires

  • L'aspect théâtral ne me tente pas plus que ça. Et puis ce n'est pas de la SF puisque ce n'est pas publié dans une collection spécialisée ;) (c'est l'argument qui tue non ?)

  • Est-ce mon esprit de contradiction... : ces bouquins de SF qui sortent en collection non spécialisée me tentent toujours furieusement...

  • Tes réserves me refroidissent. Les travers qui t'ont agacée risquent fort de tout autant m'horripiler. J'attendrai donc avant de me jeter dessus.

  • Je ne suis de toute façon pas fan de SF, estampillée telle ou non...

  • Tu trouves ce texte intelligent , plein d'idées et de concept
    et tes lecteurs ne retiennent l'aspect théatral (je ne vois pas lequel??) et la collection qui n'est pas SF (L'intégrisme qui tue) (lol)

    est ce de l'anticipation ou de la SF ?

    Est ce la catégorie ou le texte qui compte ?

    J'ai adoré ce texte ! intelligent beau et riche ! NA !

  • en tout cas, beaucoup d'enthousiasme... n'est-ce pas Michel ? ;))

  • De la vie, tout simplement ;-)

  • J'ai quand même bien envie de le lire, ce livre. S'il enquiquine, c'est peut-être qu'il vient chercher quelque chose... LE thème m'intéresse, en plus!

  • @ Lhisbei: c'est l'aspect qui m'a gênée! Pour le reste... bon, je suis parfois un peu psychorigide mais je nbe peux pas m'empêcher de raler! ;-))
    @ SBM: et il y a des bijoux! J'ai adoré La Route par exemple! Etj'ai bien aimé Corpus Delicti!! La SF se planque où on ne l'attend pas parfois et elle peut être une belle surprise! :-) Pour moi, c'est un excellent moyen de faire décovrir le genre à des gens qui pensent ne pas l'aimer!
    @ In Cold Blog: en même temps c'est un ressenti! Et le fond vaut largement le détour!
    @ Irréulière: un jour tu trouveras put-être ta SF!! Ou pas! ;-))
    @ Michel: très sincérement, j'ai eu l'impression de lire du théâtre par moment! Une manière d'écrire les dialogues, un ton un peu "emphatique", démonstratif par momùent! Et ça m'a refroidie alors que par ailleurs, j'ai beaucoup aimé!
    Pour la petite histoire, ce qui m'agaçe ce n'est pas tant la catégorie dans laquelle on classe le texte ou le fait que de la SF sois publiée en littérature blanche qui me gêne, mais la manière dont certains encensent ces romans alors que le reste du temps ils méprisent le genre... Après, mes lecteurs retiennent ce qu'ils veulent de mes billets!
    @ Choupynette: on peut le dire! ;-)
    @ Karine:): il est hyper, hyper riche et intelligent!

  • @ Michel : je me sens piquée par votre commentaire. (à tort j'espère)
    après un certains nombre d'années de lecture on apprend à se connaitre et quand je lis "La faute à ce ton, à ces dialogues marqués, à ces situations qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer sur scène. La faute aussi à des dialogues parfois un peu longuets et par moment démonstratifs." je sais que le style de l'auteur ne me conviendra pas même si le texte est "intelligent beau et riche" ce dont je ne doute pas un instant. il ne s'agit là que de mes goûts personnels.
    quant à ma référence à la collection non SF c'est une boutade. je lis de tout même si depuis 3 ans je traverse une phase "littérature de genre". je suis loin d'être "intégriste" mais je m'amuse de voir que le mot SF est banni dès qu'un livre de genre est publié en collection "blanche" avec des euphémismes politiquement corrects tels que anticipation...

  • @ Chiffonnette : si mon précédent commentaire fait des vagues n'hésite pas à modérer :)

  • @ Lhsbei: nous sommes entre gens bien éduqués, je ne modère pas! ;-) Et il y avait un "lol"! Michel a défendu avec fougue un texte qu'il a beaucoup aimé!
    Par contre, je vois que nous avons le même problème avec la SF en "blanche"! C'est exactement ce qui me fait régir! Ca et les critiques qui se pament et oublient le genre le reste du temps! ;-)

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