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Au bonheur de lire

Je viens de terminer deux petits essais d'Hubert Nyssen. C'est encore la faute à Cuné!

Le premier, Eloge de la lecture est le texte d'une conférence, completé par un vibrant éloge à Albert Cohen qui m'a donné envie de me replonger dans l'oeuvre cet auteur. Il ne m'a guère laissé de traces autres que quelques belles phrases dont on retrouve les échos dans Lira bien qui lira le dernier. Lettre libertine sur la lecture. Là par contre, quel bonheur!

Moi qui ne connaissait Hubert Nyssen que par son nom et son métier d'éditeur ai découvert sa plume pleine de verve et joyeusement érudites. Un beau festival de mots que je ne connaissais pas ou plus: cabouter, avers, bistourner, gargoulette, et autres a chanté dans ma tête! Et cette série de lettres à une lectrice imaginaire a flatté mon petit ego de lectrice, il faut l'avouer. Faut-il qu'il aime les femmes monsieur Nyssen pour en parler ains!

Ceci dit, le plumage se rapporte au ramage. Le contenu est fort intéressant. Tout est passé à la moulinette: le livre, la lecture, la crise du livre, le rôle de l'écrivain, le libre-échange, etc. On dit le livre en crise, mais depuis que le livre est livre, il est en crise. Et crise du livre n'est pas crise de la lecture tant l'un et l'autre en étant parents ne sont pas siamois. S'il y a crise, c'est celle du support,et d'un monde dans lequel tout est bradé et noyé dans le flot du consumérisme et du progrès. S'il est inquiet, Hubert Nyssen, c'est surtout de la désacralisation de l'acte d'écrire et du rôle de l'écriture. Mais l'espoir est là malgré tout, parce qu'il reste des lecteurs, et surtout des lectrices.

Mais ce qu'il y a de meilleur en cet ouvrage, c'est le sens de la formule, ce bonheur incomparable que l'on sent qu'il a à écrire et à lire, et son hymne au bonheur de lire, son regret que ce bonheur ne soit pas mieux partagé. Ce qui donne ces merveilleuses petites, ou grandes phrases qui ont ausis le mérite de me faire réflechir au sens de mon métier. Qu'est-ce que lire, qu'est-ce que faire lire et faire passer le bonheur de lire, comment faire passer ce plaisir? C'est un beau rôle que d'être, ou plutôt d'essayer d'être le passeur aux autres du plaisir, certes, mais aussi des moyens de l'indépendance. C'est ce que j'en retire, malgré le pessimisme de certains des propos.

Petit florilège:

"Et puis, je vous l'avoue, aux heures d'égoïsme, je me fiche de savoir si dans cinquante ans il sera encore question d'un livre qui vient de m'apporter illuminations et jouissance. C'est l'affaire de mes petits-neveux. La mienne est de ne pas négliger la félicité de l'instant, de ne pas mépriser la compagnie qui m'est offerte et de ne pas gâcher le plaisir qu'elle me donne."

"Les livres auxquels nous sommes tellement attachés, mademoiselle Esperluette, ne sont pas des livres pour tous. On aurait beau les offrir, ils n'auraient pas plus de lecteurs qu'ils n'en ont déjà. Car il ne suffit pas de savoir lire pour pouvoir lire. Afin de parer la bastonnade, j'aurais dû revétir heaume et armure pour dire cela, mais je persiste à prétendre et à le répéter. Si l'on n'y a pas été préparé par l'éducation, qu'elle fut particulière ou sociale, on ne peut trouver dans la lecture que décéption et, pire, graines d'hostilité. Donner à lire à qui ne sait pas lire revient à le détourner pour longtemps des livres, sinon à jamais."

 

Commentaires

  • Je veux bien revendiquer, avec plaisir, la responsabilité de faire lire Hubert Nyssen !! ;o)) Quel tombeur, encore une dans son fan-club :-D

  • Roh oui! C'est quand même un grand monsieur! Je suis passée à la bibliothèque ce matin (je voulais juste rendre mes bouquins et repartir lire ceux quej'avais ACHETE, et je suis repartie avec un chargement...) et je n'ai pas resisté à essayer quelques uns de ses bonheurs de lecture. Dont Berberova dont j'avais lu L'accompagnatrice il y a une éternité, et Tunström. Ce qu'il y a de bien, c'est que je suis en vacances....

  • voilà un livre que je veux lire absolument, tu en parles très bien. Sur la lecture, je viens de faire un message au sujet d'un livre que j'ai particulièrement apprécié; "les femmes qui lisent sont dangereuses". laure Adler a fait un très beau texte d'introduction sur les lectrices de tous les temps.

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